10 façons de créer des programmes d’activité inclusifs pour les nouveaux arrivants
Publié précédemment dans le volume 82, numéro 2
À mesure que nos écrans sont inondés d’images de réfugiés syriens, il devient de plus en plus important de réfléchir à ce que vous pouvons faire pour venir en aide aux enfants et jeunes immigrants et nouveaux arrivants au niveau de nos écoles.
Même si le plus pressant consiste à répondre aux besoins fondamentaux des gens, comme la nourriture, le logement et la sécurité, il importe aussi de réfléchir aux meilleures façons qui s’offrent d’intégrer les enfants et les jeunes immigrants et nouveaux arrivants à des contextes scolaires, récréatifs et sportifs physiquement sains et actifs.
Fait intéressant — et inquiétant— même si la plupart des immigrants arrivent au Canada moins obèses que les gens nés au Canada, ils tendent, après un certain temps, à devenir plus obèses que les personnes nées au Canada. Ce phénomène, appelé effet de l’immigrant, tient à divers facteurs comme un taux de pauvreté plus élevé, de longues heures de travail et la conjugaison de plusieurs emplois en même temps que le Canadien moyen. Compte tenu de ceci, il est impératif d’enseigner aux enfants et aux jeunes immigrants et nouveaux arrivés, comme on l’enseigne aux autres enfants et jeunes canadiens, comment avoir une vie saine et active. Armés d’un tel savoir, ils tendent plus à maintenir un poids santé et à profiter des nombreux bienfaits physiques, sociaux et émotifs associés à un mode de vie physiquement actif.
Alors que les élèves nés au Canada et ceux nés ailleurs méritent tous d’apprendre commet devenir des personnes en santé avec un bon savoir-faire physique, il faut tenir compte d’éléments différents selon le chaque groupe lorsqu’on cherche à créer un espace sécuritaire. Comme le dit l’adage, traiter tout le monde de la même façon ne signifie pas nécessairement qu’on les traite de façon équitable.
Créer des aires d’activités accueillantes
Si vous êtes un enseignant ou un entraîneur ou si vous offrez des programmes d’activité physique aux jeunes immigrants et nouveaux arrivants, ces suggestions pourraient vous être utiles pour créer des aires d’activité chaleureuses et inclusives.
1. Comprendre dans quelle mesure les familles immigrantes et nouvellement arrivées sont diversifiées.
Alors que certaines familles quittent leur pays d’origine de plein gré parce qu’elles veulent venir en Amérique du nord pour des motifs éducatifs ou professionnels, d’autres quittent à regret leur terre natale pour échapper à la guerre, à la pauvreté ou à une dictature oppressive. De plus, certaines familles veulent que leurs enfants assimilent rapidement la culture nord-américaine, alors que d’autres veulent qu’ils s’assimilent sans abandonner pour autant les valeurs et traditions de leur propre culture. Il est essentiel de comprendre ces différences et de communiquer positivement et efficacement avec les familles immigrantes et nouvellement arrivées de votre collectivité pour arriver à créer un environnement accueillant pour tous.
2. Travailler avec des personnes de confiance.
Trouvez un partenaire en qui vous avez confiance et qui peut vous aider à joindre les jeunes immigrants ou nouveaux arrivants qui pourraient vouloir participer à votre programme d’activité physique. Cette personne peut être un chef religieux ou une personne de votre école qui vient du même pays que les élèves ou encore une personne qui revendique depuis longtemps en faveur des Néo-Canadiens. La clé, c’est de collaborer avec cette personne pour être en mesure de répondre à toute question ou préoccupation que pourraient avoir les parents ou autres responsables des jeunes.
3. Traduire les messages.
Ayez recours à des logiciels de traduction ou demandez à un membre de la collectivité de traduire les courriels, les affiches ou les sites Web dans la langue des immigrants ou des nouveaux arrivants. Il se pourrait bien qu’au sein de votre collectivité, se soient les élèves qui s’avèrent les meilleurs traducteurs. Il importe d’alléger toute crainte ou préoccupation et de répondre à toute question pour dissiper les suppositions qui pourraient nuire à la participation. Il peut s’avérer difficile de communiquer efficacement avec des parents qui ne parlent pas le français ou l’anglais, mais votre aptitude à ce faire aidera probablement à accroître la participation.
4. Tenir compte de la tenue vestimentaire.
Collaborez avec les associations directrices de sports pour vous assurer que tous les éventuels membres d’une collectivité se sentent bien accueillis et sont à l’aise de participer. À titre d’exemple, il ne devrait pas être nécessaire d’enlever un turban pour participer à une joute sportive.
5. Intégrer des éléments culturels dans les cours, les pratiques et les programmes.
Si possible, présentez des versions modifiées d’activités populaires dans les pays d’origine des élèves, des mots ou des récits associés aux sports populaires dans ces pays et invitez les enfants et les jeunes immigrants ou nouveaux arrivants à partager leurs formes préférées de mouvement, ou celles de leurs parents, afin que tous les participants puissent en apprendre davantage sur les diverses cultures représentées au sein du groupe. Invitez aussi les participants nés au Canada à partager des renseignements sur la culture et les coutumes de leur propre famille.
6. Réfléchir à vos propres préjugés (Culp, 2013).
Vous devriez abandonner tous vos préjugés au moment de planifier, de mettre en œuvre ou d’évaluer diverses étapes d’un programme. Prenez le temps qu’il faut pour réfléchir à toute idée préconçue que vous auriez pu avoir au début de l’étape de planification et poursuivez la réflexion tout au long de la prestation du programme. Demandez à des facilitateurs culturels de vous aider à rendre votre programme le plus culturellement sensible possible (Éducation physique et santé Canada, J’appartiens, 2016).
7. Tenir compte des contraintes financières.
Beaucoup de familles arrivent au Canada avec peu de ressources en poche. Le fait d’avoir à payer pour inscrire leur enfant à une activité sportive ou pour payer une sortie scolaire peut exclure immédiatement beaucoup de jeunes immigrants ou nouveaux arrivants. Collaborez avec les écoles, les bailleurs de fonds locaux et les organismes sans but lucratif pour aider à éliminer les coûts qui constituent un obstacle à la participation. (Stanec, Bhalla et Mandigo, 2016).
8. Tenir compte du rôle des filles et des jeunes femmes dans la société et au sein des familles.
Il importe de comprendre comment les filles et les jeunes femmes sont perçues dans de nombreux pays. L’ordre de naissance peut aussi constituer un facteur aggravant et empêcher les filles et les jeunes femmes de participer à des programmes d’activité physique. Ce constat peut influencer diverses décisions, que vous devez prendre, comme le moment où tenir les pratiques ou offrir les programmes parascolaires. Essayez de calmer les inquiétudes des parents en communiquant avec eux (voir le point 2) et en les accommoder dans la mesure du possible.
9. Créer un sentiment d’appartenance communautaire au sein de la classe, de l’équipe ou du groupe.
La création d’une chaleureuse communauté d’apprentissage constitue le fondement d’une solide pédagogie. Cela prend encore plus d’importance quand vous travaillez avec des enfants et des jeunes immigrants ou nouveaux arrivants. Quand tous les membres du groupe se sentent valorisés et en sécurité, ils sont plus motivés à participer.
10. Lire cet article et en faire un point de départ.
Ces conseils sont brefs et la liste est loin d’être exhaustive. N’hésitez pas à consulter les ressources suivantes pour en savoir davantage :
- Si vous songez à mettre sur pied un programme `l’intention des enfants et des jeunes immigrants et nouveaux arrivants, consultez le guide de ressources J’appartiens d’EPS Canada.
- Un manuel récemment publié intitulé Social Justice in Physical Education: Critical Reflections and Pedagogies for Change met l’accent sur la justice sociale et l’éducation physique (Robinson et Randall, 2016) et consacre un chapitre aux élèves immigrants ou nouveaux arrivants et l’éducation physique (Stanec, Bhalla et Mandigo, 2016).
- Familiarisez-vous avec les travaux de Brian Culp, Ph. D. qui a fait beaucoup de recherches dans le domaine d’une éducation physique culturellement sensible. Vous pouvez consulter son site Web à : http://culturenmotion.org/5.html
Aider les nouveaux Canadiens à vivre des vies épanouies et saines
Ma mère est originaire de l’Europe et était toute jeune quand elle est arrivée au Canada. Ses parents ne parlaient pas l’anglais et elle m’a avoué avoir été souvent taquinée dans sa jeunesse parce qu’elle était différente. À cette époque, ce n’était pas très acceptable de célébrer sa culture et son pays d’origine quand on arrivait au Canada.
Les choses ont beaucoup changé depuis ce temps-là. Comme vous, je suis fière de voir comment le Canada est maintenant perçu par la communauté mondiale. Je souhaite que nous puissions collaborer et célébrer la nature unique de chaque élève, athlète et participant ainsi que ses contributions à l’ensemble du pays. À mesure que nous déployons des efforts en ce sens, il importe de mettre l’accent sur une éducation de qualité pour montrer aux élèves comment vivre une vie épanouie — c’est-à-dire une vie saine.
References
Canadian Multiculturalism: An Inclusive Citizenship (2016, June 2). Retrieved from http://www.cic.gc.ca/english/multiculturalism/citizenship.asp
Culp, B. O., (2013). Pedagogy: Beginning Guide to Meeting the Needs of Diverse Learners in Physical Activity (2016, June 2). Retrieved from www.culturenmotion.org
Physical and Health Education Canada: We Belong (2016, June 2). Retrieved from http://www.phecanada.ca/resources/we-belong
Robinson, D. B. & Randall, L. (2016). Social Justice in Physical Education: Critical Reflections and Pedagogies for Change. D. B. Robinson & L. Randall (Eds.). Toronto, ON: Canadian Scholars Press.
Stanec, A., Bhalla, J., & Mandigo, J. (20016). Exploring the issues faced by immigrant students in physical education. In D. B. Robinson & L. Randall (Eds.), Social Justice in Physical Education: Critical Reflections and Pedagogies for Change. 248-270. Toronto, ON: Canadian Scholars Press.