Devrait-on mesurer les relations à l’école comme on mesure la littératie et la numéracie?
Il y a des centaines d’années, le système d’éducation canadien et américain mettait clairement l’accent sur trois compétences de base – la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Bien des années plus tard, ces compétences de base demeurent le point de mire de notre système d’enseignement et les conseils et commissions scolaires se fient grandement aux résultats de tests standardisés pour évaluer le rendement des écoles. Ces résultats ne représentent toutefois qu’une dimension du système d’éducation. Les parents, les élèves et le personnel enseignant veulent savoir que leurs écoles constituent des milieux sécuritaires, attentifs et accueillants. La tenue, du 19 au 23 mars, de la Semaine nationale de la prévention de la violence chez les jeunes m’a incité à lancer une réflexion sur la sécurité dans nos écoles.
Tout apprentissage valable nécessite un milieu sûr et sécuritaire.
Il y a un quart de siècle, les chercheurs et enseignants revendiquaient en faveur d’une quatrième compétence de base – les relations (Jaffe, Crooks et Watson, 2009; Wolfe et coll., 2009). Cette recherche argue qu’un programme-cadre qui met aussi l’accent sur les relations saines constitue un important fondement d’éducation publique et joue un rôle crucial dans le maintien d’un climat positif dans les écoles. Des leçons sur les relations saines ont été intégrées aux cours de santé, aux cours d’éducation physique et autres et sont livrées par les enseignantes et enseignants de manière à atteindre les résultats pédagogiques provinciaux.
Je n’oublierai jamais les paroles d’une élève ayant survécu à la fusillade de masse à l’école secondaire Columbine de Littleton, au Colorado, en 1999. S’adressant à un public d’enseignants et d’élèves, cette dernière disait que son école avait obtenu parmi les meilleurs résultats lors des évaluations de rendement de l’État et comptait plusieurs équipes sportives championnes, mais aurait obtenu une note d’échec pour toute évaluation portant sur les relations saines. Elle a expliqué combien le milieu scolaire était teinté de racisme, de sexisme et d’intimidation et sentait que le système d’enseignement mettait l’accent sur les mauvaises mesures de réussite. Ces mots me sont toujours restés en tête et me rappellent l’importance de nos efforts pour promouvoir la quatrième compétence, les relations.
Même si nous avons fait des percées en vue de reconnaître l’importante contribution de relations saines à la création d’environnements scolaires positifs, il importe d’examiner plus à fond le contexte canadien. En particulier, nous devons évaluer les relations saines dans les écoles canadiennes et la mesure dans laquelle nos écoles favorisent un environnement attentif et accueillant, puis produire des rapports en ce sens. La prochaine génération de chercheurs est encouragée à trouver des façons d’intensifier la sensibilisation à ces programmes de manière à produire de meilleurs indicateurs du progrès et d’encourager la mise en place de programmes éprouvés dans toutes les écoles du pays.
Ces idées ont engendré des programmes-cadres sur la quatrième compétence maintenant offerts dans des milliers d’écoles à travers le Canada. La quatrième compétence devrait devenir la première, c’est-à-dire le plus important indicateur de réussite de notre système d’éducation.
Pour en savoir plus sur la quatrième compétence, aller à :
http://www.youthrelationships.org
Peter Jaffe, Ph.D.
Professor, Faculty of Education
Western University
References / Références :
Jaffe, P. G., Crooks, C. V. et Watson, C. L. (2009). Creating safe school environments: From small steps to sustainable change. London, ON: Althouse Press.
Wolfe, D. A., Crooks, C., Jaffe, P., Chiodo, D., Hughes, R., Ellis, W. et& Donner, A. (2009). A school-based program to prevent adolescent dating violence: A cluster randomized trial. Archives of pediatrics & adolescent medicine, 163(8), 692-699.