La littératie physique avant la cloche: un programme d’activité physique avant l’école
Publié précédemment dans le volume 84, numéro 1
La pratique régulière de l’activité physique, y compris les cours d’éducation physique et les programmes scolaires, engendre des bienfaits physiques, sociaux, intellectuels et psychologiques (NRCIM, 2002). En particulier, les enfants et les jeunes sont en mesure de mieux contrôler leur poids, sont en meilleure forme cardiovasculaire (Poitras et coll., 2016), améliorent leur bien-être et leur degré de joie (Fraser-Thomas & Côté, 2004), perfectionnent des compétences comme la coopération, le sens des responsabilités et le contrôle de soi (Côté, 2002), et constatent des liens positifs avec le rendement scolaire (Dwyer et coll., 2001). Et pourtant, la plupart des enfants et des jeunes canadiens ne sont pas assez souvent actifs physiquement (ParticipACTION, 2016).
TELUS Active in the AM
Pour contrer la propension à l’inactivité physique et pour encourager des choix alimentaires sains, le centre Abilities de Whitby, en Ontario, a conclu un partenariat avec deux écoles locales pour offrir le programme TELUS Active in the AM. Ce programme axé sur une vie saine et active était offert le matin avant le début de l’école et encourageait les élèves de 7e année et de 8e année à être plus actifs en s’adonnant à des activités physiques et à mangeant un petit déjeuner nourrissant fourni sur place à l’école. Active in the AM visait à favoriser l’acquisition de la littératie physique, la participation à des activités physiques, les sains choix alimentaires, le rendement scolaire, le bien-être psychosocial, l’inclusion et l’accessibilité.
Vingt-cinq élèves répartis dans deux écoles de quartiers prioritaires de la région de Durham ont participé à ce programme offert deux fois par semaine sur une période de 12 semaines. Chaque séance d’une heure et demie commençait par une discussion sur des concepts de nutrition et de saine alimentation, comme lire les étiquettes et utiliser le Guide alimentaire canadien pour manger sainement pour choisir des aliments nutritifs le matin. Les élèves participaient ensuite à des exercices d’échauffement qui les initiaient aux concepts de la littératie physique et aux habiletés motrices du jour. À titre d’exemple, les élèves jouaient au Drapeau pour s’exercer à s’esquiver et à courir entre des obstacles. Ils passaient aussi du temps à exercer une habileté motrice particulière, comme lancer un ballon de basketball. Ces concepts de littératie physique et ces habiletés motrices étaient ensuite combinés et appliqués à une activité culminante, comme un mini match de basketball. On offrait ensuite aux élèves un petit déjeuner nourrissant composé d’aliments sains, comme du gruau et des fruits, avant qu’ils commencent leur journée d’école.
Pour mieux comprendre les expériences des élèves, nous avons procédé à deux évaluations, une avant le programme et l’autre après le programme, dans le but d’examiner les comportements à l’égard de l’activité physique des élèves et les connaissances sur l’activité physique et la nutrition qu’ils avaient acquises.
Comportements à l’égard de l’activité physique
Nous avons utilisé le Questionnaire sur l’activité physique, une étude par autodéclaration (Kowalski, Crocker et Faulkner, 1997) pour obtenir des renseignements sur les types et fréquences d’activités physiques auxquels s’adonnaient les élèves au cours d’une semaine d’école typique, y compris la fin de semaine. À la fin du programme Active in the AM, les élèves étaient plus actifs et s’adonnaient à une plus grande variété d’activités physiques. À titre d’exemple, ils disaient s’adonner plus souvent à des activités physiques comme sauter, courir et danser. Ils faisaient aussi mention « d’autres activités », ce qui porte à croire que certaines de leurs activités préférées ne figuraient pas sur la liste. Ceci concorde bien avec l’intention du programme qui consiste à encourager les élèves à s’adonner à des jeux et à des activités non sportives pendant leurs heures de loisir.
On a aussi constaté une augmentation du taux d’activité physique pendant les récréations, à l’heure du midi et les soirées de jours d’école. Par contre, les comportements à l’égard de l’activité physique en fin de semaine n’ont pas changé. De futures interventions pourraient mettre l’accent sur les activités physiques familiales pour encourager les élèves à s’adonner à des activités actives en famille la fin de semaine, comme des activités à faire à la maison avec des suggestions spécifiquement ou des activités conviviales pour toute la famille. Les prochaines études pourraient aussi explorer l’impact sur l’ensemble des niveaux d’activité physique des familles.
En plus d’accroître leurs activités physiques, les élèves ont beaucoup amélioré leur condition physique, comme le démontre l’augmentation de la distance moyenne de 91,5 mètres lors du test de marche de 6 minutes (une mesure de la capacité physique axée sur le rendement où les élèves marchaient autour d’une piste pendant six minutes). (Ulrich et coll., 2013).
Connaissance de l’activité physique et de la nutrition
Dans le but d’améliorer le taux d’activité physique et les connaissances en matière de nutrition, on a demandé aux élèves de répondre à questions étroitement liées aux Lignes directrices canadiennes sur l’activité physique et les comportements sédentaires (SCPE, 2012). Les connaissances et la compréhension des élèves dans plusieurs domaines semblaient avoir augmenté. Suivant Active in the AM, les élèves partageaient des définitions d’activité physique qui concordaient mieux avec les Lignes directrices canadiennes sur l’activité physique. Ils savaient que l’énergie, la sueur et l’essoufflement constituent des indicateurs clés d’activité. Ceci différait de leurs perceptions avant le début du programme ou ils donnaient surtout des exemples d’exercices et de sports. Les élèves soulignaient aussi l’importance de mots comme « amusant » et « plaisant ». Même si ces termes ne font pas partie d’une définition officielle de l’activité physique, ils témoignent d’une association plus positive. Quand on a demandé aux élèves quels étaient les bienfaits de l’activité physique, ils faisaient moins référence à la santé générale et à la condition physique qu’avant le début du programme et donnaient plutôt des réponses comme la santé du cerveau, le regain d’énergie, l’amélioration de l’humeur, la joie et la force. Ceci révèle une compréhension plus holistique des bienfaits de l’activité physique. Avant Active in the AM, les élèves étaient très peu familiers avec le terme « sédentarité ». Par contre, à la fin, ils pouvaient décrire clairement le terme et donner plusieurs exemples d’activités qui augmentent le niveau d’activité physique et diminuent le niveau de sédentarité.
Somme toute, le programme, TELUS Active in the AM s’est avéré efficace en vue d’améliorer les comportements et les connaissances en matière d’activité physique des élèves de 7e année et de 8e année. L’établissement de partenariats avec des écoles locales en vue d’offrir un programme avant l’école axé sur la participation à l’activité physique et la connaissance de la littératie physique pourrait s’avérer une stratégie utile pour lutter contre la prévalence de sédentarité chez les enfants et les jeunes.
Pour en savoir plus sur le programme TELUS Active in the AM, communiquer avec Jennifer Leo, Ph. D. directrice de la recherche, centre Abilities à jleo@abilitiescentre.org.
References
Canadian Society for Exercise Physiology (CSEP). (2012). Canadian physical activity guidelines, Canadian sedentary behaviour guidelines: Your plan to get active everyday. Retrieved from Canadian Academy of Sport and Exercise Medicine website: https://casemacmse.org/wpcontent/uploads/2014/03/CSEP_Guidelines_Handbook.pdf
Côté, J. (2002). Coach and peer influence on children’s development through sport. In J.M. Silva & D. E. Stevens (Eds). Psychological foundations of sport. (pp.520-540). Boston, MA: Allyn & Bacon.
Dwyer, T., Sallis, J. F.., Blizzard, L., Lazarus, R., & Dean, K. (2001). Relation of academic performance to physical activity and fitness in children. Pediatric Exercise Science, 13, 225-238.
Fraser-Thomas, J. L., & Côté, J. (2004). The role of structured sports in children’s daily happiness. Manuscript in preparation
Kowalski, K. C., Crocker, P. R. E., & Faulkner, R. A. (1997). Validation of the physical activity questionnaire for older children. Pediatric Exercise Science, 9, 174-186.
National Research Council and Institute of Medicine. (2002). Community programs to promote youth development. Washington: National Academy Press.
ParticipACTION. (2016). Are Canadian Kids Too Tired to Move? The ParticipACTION Report Card on Physical Activity for Children and Youth. Toronto. Retrieved from https://www.participaction.com/sites/default/files/downloads/2016 ParticipACTION Report Card - Highlight Report.pdf
Poitras, V. J., Gray, C. E., Borghese, M. M., Carson, V., Chaput, J.P., Janssen, I.,… & Tremblay, M. S. (2016). Systematic review of the relationships between objectively measured physical activity and health indicators in school-aged children and youth. Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism, 41, S197-S239. https://doi.org/10.1139/apnm-2015-0663
Ulrich, S, Hildenbrand, F. F, Treder, U., Fischler, M., Keusch, S., Speich, R., & Fasnacht, M. (2013). Reference values for the 6-minute walk test in healthy children and adolescents in Switzerland. BMC Pulmonary Medicine, 13, 49. doi: 10.1186/1471-2466-13-49.