La vague de politiques sur l'identité sexuelle et les pronoms empiète sur les droits des enfants
L'annonce récente des changements prochains aux politiques de l'Alberta en ce qui concerne les identités de genre est une atteinte directe à la santé et la sécurité des enfants et des jeunes 2ELGBTQIA+, voire de tous les jeunes. Éducation physique et santé (EPS) Canada veille avec acharnement au droit des enfants et des jeunes 2ELGBTQIA+ de vivre de façon authentique et d’exprimer leur identité telle qu’elle est. Les écoles sont censées être des environnements sûrs et positifs qui encouragent les enfants et les jeunes à apprendre autant sur le monde qui les entoure que sur eux-mêmes. EPS Canada fait valoir que ces changements de politique vont à l’encontre de la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant et contredisent la Charte canadienne des droits et libertés qui protège les Canadiens contre la discrimination et les crimes haineux fondés sur l'identité et l'expression sexuelles.
Dans le même temps, la politique récemment proposée contredit la loi sur l'éducation de l'Alberta, qui repose sur « l'acceptation universelle et l'appartenance de tous les enfants et étudiants ». Si les projets de politique sont adoptés cet automne, ils seront en contradiction flagrante avec les valeurs et les principes qui sous-tendent le système éducatif de l'Alberta, qui est considéré comme une référence mondiale.
Afin de permettre la réussite scolaire et sociale, il est essentiel que les élèves 2ELGBTQIA+ se reconnaissent dans les contextes et les programmes scolaires. Cela vaut surtout dans le programme d'éducation physique et de bien-être, où la croissance et le développement humains sont des sujets abordés de la maternelle jusqu’à la douzième année. Les connaissances attendues d'un élève de 8 ans (troisième année) incluent notamment : « le développement humain est le processus qui permet de devenir un individu unique » et que « les aspects de développement sont interconnectés et comprennent l'esprit, le corps, l'âme, les émotions et l'image de soi ». Des leçons et des supports pédagogiques raisonnés et inclusifs fournissent aux élèves des informations claires sur le monde diversifié qui les entoure et aident à préparer tous les jeunes à trouver leur place et à contribuer positivement à une société diversifiée, inclusive et sûre. En privant les élèves de toute leçon faisant référence à l'identité de genre, l'orientation sexuelle ou la sexualité humaine, et en se livrant à d’autres actes de censure, on fait un grand pas en arrière et ce faisant, on pousse les jeunes à se tourner vers d'autres sources, peu fiables et inexactes, pour leur éducation – des leçons enseignées par un Youtubeur ou un TikTokeur, ce que personne ne veut.
Selon Statistique Canada, un peu moins d'un jeune adulte sur 100 âgé de 20 à 24 ans est non binaire ou transgenre (0,85 %). Plus de la moitié d'entre eux vivent dans des centres urbains, notamment à Edmonton (5,5 %) et à Calgary (4,5 %) (Statistique Canada, 2021). L'article 9 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant stipule que les enfants et les jeunes doivent avoir la possibilité de faire connaître leur opinion et d'être entendus. Éducation physique et santé Canada exhorte tous les décideurs provinciaux et territoriaux à reconnaître que les enfants et les jeunes ont une connaissance intrinsèque d'eux-mêmes, qu'ils sont capables de comprendre qui ils sont et ce qu'ils ressentent, et à respecter la Convention en accordant aux jeunes la possibilité de partager leur point de vue. Au vu des manifestations organisées dans les écoles et les communautés à travers le pays, EPS Canada est convaincu que les jeunes ont leur mot à dire - mais sont-ils entendus ? Ce n'est qu'en écoutant que l'on peut prendre des décisions dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
Exiger la permission des parents pour qu'un élève utilise des pronoms ou des noms autres que ceux qui figurent dans son dossier officiel contrevient à l'article 12 de la Convention relative aux droits de l'enfant, qui stipule que « Les États parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité ». Au dire du ministère de la Justice du Canada : « On ne cesse de répéter l'importance fondamentale de laisser l'enfant s'exprimer, mais surtout de l'écouter, non pas pour soulager la conscience de l'adulte, mais bien parce que c'est l'enfant, bien souvent, qui est le principal intéressé. Peut-on réellement prétendre rendre justice dans les affaires qui intéressent l'enfant sans permettre à ce dernier d'exprimer librement son opinion, sans créer un climat de confiance où l'enfant peut partager ses craintes, ses rêves, son histoire et ses désirs? Ceux et celles appelés à prendre des décisions importantes dans la vie de l'enfant, y compris en matière de droits de garde et de droits de visite, peuvent-ils réellement le faire dans le meilleur intérêt de l'enfant sans entendre l'enfant capable de discernement et sans tenir compte de ce qu'il a à dire? » (ministère de la Justice, 2022). Ce constat ne vaut-il pas tant au niveau de notre système d’éducation?
En outre, même si nous voulons croire que tous les élèves rentrent dans des foyers aimants où ils se sentent à l’aise, la réalité est différente, notamment dans le cas des jeunes transgenres. Il n'est jamais acceptable de divulguer l’identité de genre ou la sexualité d’une personne, en particulier devant les parents, lorsque cela est susceptible d’entraîner des situations de vie dangereuses. En effet, comme nous l'avons constaté à maintes reprises, l'adoption de politiques restrictives en matière de genre entraîne des conséquences néfastes et imprévues, notamment en exposant les élèves et le personnel scolaire à un risque élevé de maltraitance émotionnelle ou physique, de stigmatisation et de crimes haineux.
Il est critique que les élèves 2ELGBTQIA+ - et tous les élèves – aient le droit de s'exprimer d'une manière vraie et authentique et ce, pour leur permettre de développer un sentiment d'appartenance au sein de la communauté scolaire – l’environnement où ils passent la plus grande partie de leur enfance. Aucune autre institution n'a autant de présence dans la vie des enfants et des jeunes que l'école, puisqu'ils y passent plus d'un tiers de leur temps d'éveil; c’est un endroit pour apprendre et pour grandir. Les recherches ont souligné qu’un sentiment d'appartenance, et plus particulièrement un sentiment d'appartenance à l'école, a d’importantes répercussions positives à long et à court terme sur les résultats psychologiques et scolaires des élèves.
EPS Canada réclame le retrait immédiat des projets de politique suivants :
- Le consentement parental doit s’obtenir pour les enfants âgés de 15 ans ou moins souhaitant modifier leur nom ou les pronoms utilisés par les enseignants, l'administration et les autres membres du personnel scolaire.
- Les parents doivent être avisés que leur enfant âgé de 16 ou 17 ans souhaite modifier son nom ou les pronoms utilisés par les enseignants, l'administration et les autres membres du personnel scolaire.
- Les parents doivent être avisés et doivent avoir le choix de permettre ou non à leur enfant de participer chaque fois qu'un enseignant dispense un enseignement formel sur un sujet abordant l'identité de genre, l'orientation sexuelle ou la sexualité humaine.
- Toutes les ressources documentaires ou présentations de tiers relatives à l'identité de genre, à l'orientation sexuelle ou à la sexualité humaine disponibles dans les salles de classe de l'Alberta doivent être approuvées au préalable par le ministère de l'Éducation afin de s'assurer qu'elles sont adaptées à l'âge des élèves.
Pour les questions des médias, veuillez contacter
Melanie Davis,
Directeur général et chef de la direction
info@eps-canada.ca