Le Changement Dont Nous Avons Besoin
Depuis trop longtemps, les questions de santé mentale et de toxicomanie ont été reléguées à l’arrière-scène de la société. Nous avons certainement fait beaucoup de progrès en ce sens et nous avons lancé la conversation, mais malheureusement, le simple fait d’en parler ne suffit pas.
Je fonctionne aux premières lignes d’un système hyper fragmenté et chroniquement sous-financé. Ma tâche consiste à travailler avec des enfants, des jeunes et des familles afin de leur donner de l’espoir. Nous œuvrons ensemble pour les aider à mieux lutter contre les démons de la dépression et de l’anxiété qui assaillent leur cerveau. Ils sont ma source d’inspiration.
Je ne devrais jamais avoir à leur dire que les meilleurs traitements que je connais ne sont pas accessibles dans leur collectivité. Ils ne devraient pas être obligés de faire des recherches à travers un labyrinthe d’agences et de services et de se heurter à des murs ou des portes closes en raison de critères d’inclusion ou d’exclusion arbitraires. Le meilleur traitement pour traiter une maladie mentale, ce n’est pas une liste d’attente. Les demandes d’aide ne devraient pas engendrer le blâme et la honte.
Nous et les personnes que nous aimons ne devrions pas accepter le sous-financement préjudiciable et discriminatoire des services de santé mentale.
Nous devons commencer à revendiquer afin que la santé mentale soit considérée au même titre que la santé physique.
Nous devons exiger la fin du statu quo.
La voie d’avenir peut sembler difficile à naviguer, mais ensemble, nous pouvons accomplir de grandes choses. À mon avis, le changement qu’il nous faut se résume à ce qui nous unit comme communauté... c’est-à-dire notre humanité commune.
D’une part, il faut faire preuve de courage. Nous devons être assez courageux pour dénoncer les problèmes qui affligent le système actuel. La stigmatisation est une puissante force qui peut faire taire les plus fortes voix. Jusqu’à ce que ayons le courage de prendre position et de partager nos difficultés, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les autres fassent de même. Faire preuve de courage ne signifie pas qu’il faut s’exposer imprudemment au danger. Il y a des risques et plusieurs environnements sont encore très peu sécuritaires. Tout ce qu’il faut faire, c’est être prêts à sortir à petits pas de notre zone de confort et nous positionner comme des agents de changement. En tant que père, je fais de mon mieux pour montrer à mes enfants que je suis aussi imparfait et vulnérable qu’eux. Le même comportement en milieu de travail peut aider les collègues à réaliser qu’ils ne sont pas seuls.de=
D’autre part, nous devons être compatissants. Le mot compassion peut avoir des sens différents pour bien des gens. La compassion, c’est quelque chose que nous avons tous en nous, mais que nous n’utilisons pas toujours à notre avantage. Notre culture a réussi à instiller en nous une crainte des émotions et un inconfort à l’endroit des sentiments qui séparent la santé mentale de la santé physique. Ces émotions sont nos superpouvoirs. La compassion suppose également l’intention, comme le simple fait d’adopter une approche intentionnelle à l’égard du changement comme repenser les vieilles étiquettes et se percevoir les uns les autres comme des êtres humains uniques.
La connexion est aussi considérée comme un ingrédient important. Parfois, la connexion signifie tendre la main à des gens que nous connaissons, Parfois encore, la connexion signifie déployer des efforts pour tendre la main à des étrangers. Tout changement systémique doit nécessairement passer par la collaboration entre les professions, les secteurs, les silos et les administrations. Nous faisons tous partie de la solution. Nous devons unir nos voix et réclamer un meilleur financement, une défragmentation et les meilleurs soins possibles pour les personnes qui souffrent. Elles ne méritent rien de moins.
Dr. Javeed Sukhera
Assistant Professor, Schulich School of Medicine and Dentistry,
Department of Psychiatry
Western University