Série de billets de blogue « Enseignant la résilience » : Les valeurs, force motrice du bien-être
En votre qualité d’enseignant(e), vous reconnaissez certainement l’importance d’inculquer à vos élèves les saines habitudes et des valeurs solides – ce sont des éléments essentiels pour réussir la vie. Mais qu’en est-il de vos propres habitudes et valeurs? Quelle importance y accordez-vous dans un métier où vous êtes appelé(e) à donner constamment de vous-même, jour après jour?
En quoi les valeurs sont-elles une force motrice du bien-être?
James Clear, auteur du livre Atomic Habits, l’exprime mieux que quiconque :
« Chaque démarche que vous prenez est effectivement un vote en faveur du type de personne que vous souhaitez devenir. »
Alors comment nous y prendre en vue de rapporter davantage de votes à l’appui de notre propre santé et nos propres valeurs?
Avant de pouvoir répondre à cette question, prenons un moment pour réfléchir, notamment en nous demandant quels sont les pièges qui nous guettent, qui accaparent notre temps, notre énergie, et notre espace mental, nous empêchant d’examiner nos habitudes, les remettre en question, et les transformer en forces plus saines et plus positives, pour guider notre vie?
Le meilleur point de départ est un simple exercice de bilan. Posez-vous la question suivante : Quelles sont les 3-5 valeurs qui me sont les plus importantes en ce qui concerne mon propre bien-être? Prenez le temps d’y réfléchir et d’écrire ces valeurs sur une feuille de papier. Une fois que vous aurez défini ces valeurs, vous pouvez vous concentrer sur l’exercice de les relier intentionnellement à vos habitudes.
La prochaine étape est de considérer les grandes lignes de vos actions au quotidien qui cadrent avec ces mêmes valeurs. Par exemple, si vous accordez une grande valeur à la saine alimentation, et une de vos habitudes est de préparer au moins 2 ou 3 repas sains chaque semaine, inscrivez cette pratique sur votre feuille.
Une fois enregistrées toutes les démarches que vous prenez actuellement qui privilégient vos valeurs importantes (et qui contribuent à votre mieux-être), dressez une liste séparée des démarches qui font obstacle à vos valeurs importantes. Par exemple, si vous valorisez le temps passé en compagnie de vos enfants, et vous reconnaissez que cela appuie votre bien-être, mais vous entraînez plusieurs équipes sportives au cours de l’année et cela occupe une bonne partie de vos soirées et vos fins de semaine, inscrivez ce point dans votre liste.
Une fois que vous aurez établi la liste des activités ou habitudes qui font obstacle à ce que vous valorisez le plus, il faut vous engager à commencer de vous soustraire à ces obligations et perdre ces habitudes, de telle sorte que vous pourrez faire du temps pour les activités et habitudes qui correspondent aux valeurs qui vous sont chères.
C’est là où le bât blesse.
Par expérience, je sais que dire « non » est une des choses les plus difficiles à faire — encore plus pour les enseignants et enseignantes, qui ont choisi un métier qui les appelle à aller bien au-delà du devoir, à accéder aux demandes venant de toutes parts, sans relâche. Si vous vous reconnaissez dans ce qui précède, je vous invite à répéter après moi :
« Si je dis ‘non’ et je veille à mon propre bien-être, cela ne me coûtera pas mon travail. J’ai des droits en tant qu’enseignant(e) et si je veux réussir mon travail d’enseignement, il faut que je sois en forme et en santé. »
« Si les gens sont vexés quand je refuse de faire telle ou telle chose, je n’ai pas de contrôle sur leur réaction à mon choix de privilégier mon bien-être et les valeurs qui me sont importantes. »
« La défense de mes besoins est à la fois salutaire et importante, peu importe l’âge ou l’étape dans la vie. »
« Je suis digne, et je n’ai rien à prouver en faisant plus »
« Si je refuse de faire telle ou telle chose, cela ne signifie pas que j’accorde moins d’importance à mon enseignement et/ou mes élèves. En revanche, j’y accorde plus d’importance, parce qu’à force de dire « non », je dis « oui » en même temps à la possibilité d’être un éducateur plus dynamique, vivant en harmonie avec les valeurs qui me sont importantes. »
Une fois que vous commencez à vivre en accord avec vos valeurs et tourner le dos au flot constant d’attentes et obligations externes, vous entreverrez de l’espace pour cultiver votre propre bien-être ainsi que votre force intérieure. Peut-être que vous refusiez la responsabilité d’entraîner encore une autre équipe de sorte que vous puissiez dire « oui » à un temps de qualité passé avec votre famille en fin de semaine. Peut-être que vous vous passiez d’aliments pas trop sains parce que vous avez un peu plus de temps chaque semaine pour préparer des repas sains.
C’est un effet boule de neige : tous les choix, aussi mineurs qu’ils paraissent, contribuent à une évolution beaucoup plus importante.
Quelle est la suite? À force de vivre en harmonie avec vos valeurs les plus chères, vous commencez à adopter de nouvelles habitudes, et au fil du temps, ces nouvelles habitudes contribuent à votre bien-être. Vous tournez à plein régime, comme un équipage d’aviron dont tous les membres rament de façon coordonnée, dans le même sens, totalement en phase. Le mouvement en avant, en harmonie, est propice aux bonnes performances.
Lorsque vous mettez le cap sur votre bien-être – plutôt que de vous en éloigner – il importe de vous rappeler que le progrès n’est pas linéaire. Il y aura des écueils et des détours qui pourraient vous dérouter, perturbant votre état de santé physique et émotionnel. Confronté à l’un ce ces obstacles, il est plus important encore d’essuyer la tempête en prenant en charge les choses que vous pouvez contrôler, et en refusant de vous acharner sur les choses qui échappent à votre volonté.
Par exemple, si vous êtes frappé(e) d’une maladie, vous ne contrôlez pas la durée ni la gravité de cette maladie. En revanche, vous exercez un contrôle sur le parcours de guérison et de reprise après une maladie ou une période turbulente. Relisez votre liste de valeurs, réévaluez-les au besoin, puis choisissez intentionnellement des démarches qui privilégieront les valeurs et les habitudes importantes. C’est la meilleure façon de retrouver le bien-être.
En fin de compte, les éducateurs et éducatrices sont appelés à éduquer, mais rien ne nous empêche de nous éduquer nous-mêmes, surtout quand c’est notre bien-être qui en profite. Bâillonnez cette petite voix intérieure et rappelez-vous que vous n’êtes pas tellement différent(e) de vos élèves, parce que votre parcours d’apprentissage se poursuivra sur toute votre carrière, toute votre vie. La vie est remplie de rebondissements, mais nous tendons tous et toutes vers les mêmes objectifs de santé, bonheur, joie, satisfaction, et détermination. C’est que les moyens pour y parvenir et les valeurs que nous y attribuons sont taillés à la mesure de chacun.
Biographie de l'auteur :
Ryan est un époux, un éducateur, et une personne réfléchie. Il se passionne pour le bien-être, l’éducation physique, les écoles en santé, et l’entrecroisement de la santé, l’éducation, et l’innovation. Originaire des terres du peuple Mi’kma’ki, il a débuté sa carrière comme enseignant et entraîneur en même temps de travailler comme entraîneur personnel itinérant. Depuis lors, Ryan a travaillé aux échelles provinciale, nationale, et internationale dans une variété de rôles éducatifs au sein de divers contextes d’éducation privée et d’organisations à but non-lucratif. Lorsqu’il enseignait et entraînait à l’étranger, il a sorti le premier de ses trois livres sur l’épanouissement personnel et le bien-être. Quand son horaire le permet, Ryan aime flâner dans les librairies, courir le long de la rivière des Outaouais, ou fréquenter les cafés du quartier en compagnie de son épouse.