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Teach(er) Resiliency Blog Series: Overcoming Série de billets de blogue « Enseignant la résilience » : Mon histoire de guérison de traumatisme, et les leçons apprises en cours de routeTrauma and the Lessons I Learned Along the Way

28 mars 2022
TRMB

Nous avons tous traversé des moments difficiles au cours des dernières années. Pas besoin de dorer la pilule : nos relations, notre patience, notre empathie, et notre aptitude à réagir face à tout une cascade de rebondissements ont été mises à rude épreuve. Comment vivez-vous la situation?

Ayant éprouvé pendant plus de deux ans des sentiments de séparation, de stress, et d’épuisement émotionnel, nous sommes quasiment unanimes pour dire que le temps est venu de relancer la vie. Mais comment nous y prendre, particulièrement dans notre état d’esprit actuel, dans un monde qui semble irrémédiablement divisé, où c’est chacun pour soi? Certes, les séquelles de la pandémie de COVID-19 vont toucher chaque personne différemment, suscitant des émotions fortes et apportant une bonne dose d’incertitude, cependant l’histoire nous enseigne que les êtres humains, face aux circonstances difficiles qui changent complètement leur vie, ont une aptitude assez remarquable pour s’adapter au fil du temps—grâce en partie à leur résilience.

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Les psychologues définissent la résilience comme le processus de s’adapter bien face à la difficulté, aux traumatismes, aux catastrophes, aux menaces, ou d’autres sources de stress importantes (Association canadienne de la santé mentale, 2022). On entend souvent l’aphorisme que telle ou telle personne a « rebondi » d’une expérience traumatisante, et en est sortie plus fort en conséquence. Cette sorte de « croissance personnelle » est en fait la résilience, une qualité qui nous aide non seulement à composer avec des situations difficiles, mais qui nourrit en même temps un épanouissement personnel qui pourrait très bien améliorer notre vie. Donc comment nous y prendre pour « nous adapter bien » aux situations qui sont nécessairement difficiles, voire pénibles à vivre? Je veux vous raconter mon histoire de traumatisme et de guérison (avant la pandémie de la COVID-19) ainsi que les moyens par lesquels cette expérience a informé mes schémas de pensée.

Un regard en arrière

Les flashbacks continuent de me hanter : je suis aux urgences et j’avoue à l’infirmière que je veux me suicider. C’est quelques jours à peine après la naissance de mon troisième enfant, Benjamin, et je me sens accablée, désespérée. À vrai dire, ce n’est pas tellement le suicide que cherche, c’est le désir qu’un docteur me donne un médicament pour me faire dormir, effacer tous mes souvenirs, pour me permettre de m’éveiller avec l’esprit clair, libérée de tous mes soucis. Mais il n’y a pas de recette miracle, de pilule magique. Si je veux guérir, je dois être éveillée et vivre chaque pensée, chaque sentiment, et chaque émotion. Cette visite aux urgences s’est passée il y a trois ans presque, et même si je suis toujours en proie à l’anxiété de temps à autre, la résilience que j’ai gagnée m’a habilitée à affronter les idées noires.

Je ne mets pas le doigt sur un incident particulier qui m’a poussée au bord du gouffre; c’était plutôt un remue-ménage de culpabilité, de honte, et de perfectionnisme. Même à l’heure actuelle, en rédigeant cet article, je suis aux prises avec la crainte d’être jugée par vous autres, mes lecteurs et lectrices. J’ai l’habitude de me comparer aux autres. Au niveau professionnel, je m’appuie sur mes expériences et mon éducation aux fins de promouvoir la santé mentale dans les écoles; en revanche, j’hésite à partager mon histoire personnelle en sachant que des membres de mon entourage ont vécu des difficultés qui sont à mon avis bien plus graves. Évidemment, je suis toujours en train de défaire les idées noires et changer de mentalité, mais j’ai une nouvelle confiance pour faire face à la vie et accepter tous les sentiments difficiles qui font partie de l’expérience. 

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Benjamin Paul Brain est né le 4 juillet, 2019, cinq semaines avant la date prévue de l’accouchement, le 10 août. Ce n’est pas comme si je manquais d’expérience en matière de grossesse (Benjamin est mon troisième fils; il a deux frères aînés, William et Jack). Cependant cette troisième grossesse m’a asséné une série de coups qui m’ont prise au dépourvu. À 32 semaines, étant rentrée chez moi tôt le matin après un cours de yoga, je me préparais pour l’école quand j’ai ressenti un jaillissement : je pensais que c’était les membranes qui se rompaient, mais ce n’était pas le cas. C’était une hémorragie. Sans trop entrer dans les détails, il suffit de dire que j’ai un enregistrement permanent de l'événement dans ma mémoire, et cet incident a ouvert tout grand la porte à une vague d’angoisse comme je n’avais jamais ressentie. Cette angoisse reposait sur des sentiments de culpabilité et de honte; j’étais convaincue que c’était ma faute à moi. En plus, je me sentais perdue, impuissante. J’ai été atteinte de crises de panique (et de hémorragies) et ultimement j’ai été hospitalisée dans l’Hôpital Misericordia jusqu’à mon accouchement. L’angoisse était supportable quand j’étais dans l’hôpital, mais aussitôt que je quittais les lieux, la peur et la panique me guettaient. Je n’arrivais pas à « m’échapper de moi-même » et je me sentais complètement impuissante. J’étais aux prises avec des idées horribles, des craintes pour moi-même, pour le bébé, pour ma famille, et il n’y avait aucun moyen de m’échapper. Je me suis accrochée à l’espoir que, après la naissance du bébé, les idées noires et l’angoisse allaient disparaître. J’avais tort.

J’ai toujours eu beaucoup d’empathie (et de sensibilité) pour les enjeux de santé mentale; mais il a fallu vivre personnellement une maladie mentale pour vraiment comprendre à quel point cela bouleverse l’être entier. Étant donné que la santé est multidimensionnelle, reposant sur le bien-être physique, mental, et social, les personnes souffrant de troubles mentaux sont susceptibles de ressentir la maladie dans leur être entier. Ma propre expérience de troubles mentaux m’a donné la possibilité de faire le point sur le chemin que j’avais parcouru, identifier les mécanismes de protection dont je disposais déjà, et en même temps réfléchir aux moyens par lesquels j’aurais pu être mieux préparée pour faire face à ce traumatisme.

Les mois immédiatement après la naissance de Benjamin ont été difficiles, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais j’ai tenu le coup. Maintenant, j’entrevois la lumière au bout du tunnel, et je me permets de m’adresser directement aux personnes qui sont aux prises avec le traumatisme en ce moment. Sachez que :

  1. Vous n’êtes pas seul(e)
  2. Vos sentiments sont importants
  3. Vous êtes résilient(e)
  4. Vous allez venir à bout de cette difficulté. 

Les acquis

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1. Donnez-vous du temps pour la pleine conscience

Avant cette expérience, j’ignorais le fait que c’étaient mes pensées qui me contrôlaient, plutôt que vice-versa. Je ne parvenais pas à accepter le fait que les pensées sont des idées et rien de plus. Elles nous arrivent d’un peu partout – les expériences antérieures, des rencontres, et même l’évolution de notre propre être. Nos tentatives de refouler certains sentiments, certaines idées noires, risquent d’intensifier ces mêmes sentiments et idées. Une pratique qui aide à se soustraire à certaines pensées, celles qui risquent de déclencher des boucles d’angoisse, est les exercices de pleine conscience. Jon Kabat-Zin, le fondateur des thérapies de pleine conscience, définit ainsi le concept : « c’est une conscience qui provient de l’action de se concentrer, intentionnellement, sur le moment présent, sans porter de jugement » (Mindful, 2017, para. 1). Or, l’activité physique, notamment le yoga, faisait déjà partie de mon quotidien, mais la pleine conscience est différente en ce sens qu’il s’agit de ralentir tous les systèmes de l’être et sonder son état présent. J’encourage chaque lecteur et lectrice d’accorder la priorité à la pleine conscience et d’intégrer cette pratique dans son quotidien. Certes, il y a une courbe d’apprentissage, comme c’est le cas pour chaque nouvelle compétence, mais le grand avantage des exercices de pleine conscience c’est qu’il n’existe pas de bonne ou de mauvaise manière de procéder. L’intégration de la pleine conscience dans ma journée – que ce soit dans la voiture, en passant du temps avec mes enfants juste avant le dodo, ou même en faisant la vaisselle – a joué un rôle fondamental dans ma guérison. 

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2. Les bonnes choses prennent du temps

Disons-le encore : il n’y a pas de recette miracle. La guérison d’une maladie mentale prend du temps, et passe par des étapes (American Psychological Association, 2012). Après les premiers jours de panique totale, je me suis rendu compte que ce problème n’allait pas disparaître de lui-même, j’ai cherché une aide professionnelle. J’ai commencé à prendre un assortiment de médicaments et j’ai fixé des rendez-vous hebdomadaires avec un psychologue. J’aimerais bien pouvoir dire que cette soi-disant référence en matière de traitement (médicaments et thérapie) a produit des résultats immédiats, mais à vrai dire c’était un processus assez long et onéreux. Je devais escalader une montagne, et je n’étais pas capable de le faire sans accompagnement. Cela étant dit, l’acte de chercher une aide professionnelle sans tarder a été un jalon important dans mon parcours de guérison. Je me suis mise à me renseigner sur les troubles anxieux et les options thérapeutiques. Je me souviens que, par moments, je me suis retrouvée, brièvement, dans un état de sérénité et d’espérance. Graduellement, ces moments sont devenus des minutes et puis des heures pendant lesquelles j’éprouvais une grande tranquillité et la certitude que tout serait pour le mieux.

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3. Le bien-être est multidimensionnel 

Le Global Wellness Institute définit ainsi le bien-être : « la recherche active d’activités, de choix, et de modes de vie qui contribuent à un état de santé holistique » (2022, para. 1). Le bien-être n’est pas un état d’esprit; c’est un état d’être. Le bien-être n’est pas seulement l’absence de maladies et de troubles – c’est un phénomène multidimensionnel. La plupart des modèles du bien-être comprennent au moins 5 dimensions : la santé physique, émotionnelle, spirituelle, sociale, et intellectuelle. Cela étant dit, les différentes dimensions du bien-être fluctuent naturellement tout au long de la vie, et contribuent à la condition globale de notre être. Ayant enseigné des cours d’éducation physique et à la santé depuis 12 ans, je comprenais cette définition sur le plan intellectuel, mais il a fallu une crise de santé mentale pour moi personnellement avant que je ne comprenne à quel point une seule de ces dimensions était capable de bouleverser mon bien-être global. J’avais envie de me replier sur moi-même, socialement, intellectuellement, physiquement et spirituellement, mais en même temps je savais que si je faisais cela, ma santé émotionnelle et mentale subirait des conséquences encore plus graves. Ainsi, j’ai continué de faire de l’activité physique, j’ai commencé à faire des exercices de pleine conscience, j’ai prêté attention à la nutrition, j’ai essayé d’obtenir un sommeil de bonne qualité, j’ai gardé le contact avec mes proches et avec la nature, je me suis mise à écrire une thèse sur la santé mentale, et je me suis permis de rire. J’ignore combien de temps il a fallu avant que ces activités quotidiennes auparavant épuisantes sont devenues agréables, mais graduellement, au fil des semaines et des mois suivants, je suis passée à travers.

En allant de l’avant, je vais continuer de faire les « petits » exercices quotidiens que je sais être propices à la santé mentale et le bien-être. Je vais accueillir toutes les émotions, être attentive à mon corps, et reconnaître que je n’ai pas de contrôle sur ce que l’avenir me réserve. La vie est fondamentalement imprévisible, et chaque personne fait face à des traumatismes et des défis de santé mentale à un moment ou un autre dans sa vie. Si j’ai un conseil à donner, basé sur ma propre expérience, c’est le suivant : pour surmonter les obstacles auxquels vous serez appelé(e) à vous heurter, « prenez le temps de prendre soin de votre bien-être, sinon vous risquez de perdre du temps à soigner une maladie » (Sunada, 2022). 

Biographie de l'auteur :

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Megan Brain (Elle, Elle) habite en Alberta, où elle exerce les fonctions d’enseignante et de directrice de département d’éducation physique au secondaire, ayant cumulé plus de 12 ans d’expérience dans la discipline d’EPS.

Les champs d’expertise de Megan incluent : la littératie physique, le bien-être, l’éducation physique, l’approche globale de la santé en milieu scolaire, ainsi que le sport et le leadership.

Références

American Psychological Association. (2012). Recover Principles. Consulté au : https://www.apa.org/monitor/2012/01/recovery-principles

Association canadienne de la santé mentale. (2022). Mental Health for Life. Consulté au : https://cmha.ca/brochure/mental-health-for-life/

Global Wellness Institute. (2022). What is Wellness? Consulté au : https://globalwellnessinstitute.org/what-is-wellness/

Mindful. (201). What is mindfulness? The founder of Mindfulness-Based Stress Reduction explains. Consulté au : https://www.mindful.org/jon-kabat-zinn-defining-mindfulness/

Sunada, J. (2022). The Ripple Effect of Teacher Wellness: Taking Time Out for Your Wellbeing. Thompson Educational Publishing, Inc. Consulté au : http://thompsonbooks.com/kto12/h/huddle/ripple-effect/

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