Vous pouvez faire une différence dans la période de temps que vous passez ensemble
Il y a maintenant 36 ans que je travaille comme enseignante, que je me prépare à accueillir de nouveaux étudiants et à relever de nouveaux défis. Après toutes ces années, il m’arrive encore de me réveiller la nuit avant le premier jour d’école en essayant de me rappeler tout ce que j’ai planifié avant leur arrivée et en espérant qu’ils se sentiront bien accueillis, inclus et heureux d’être de retour. Cela a été le cas pendant plusieurs années, alors que j’enseignais au niveau du système scolaire, et c’est encore le cas cette année, alors que j’entame mes fonctions de doyenne associée du programme de Formation des enseignants de l’Université Western.
Une différence cette année tient à ma responsabilité additionnelle, qui consiste à garantir que les enseignantes et enseignants de demain comprennent le contexte élargi au sein duquel ils vont exercer leur métier. J’ai beaucoup réfléchi à ceci tandis que je préparais ma présentation d’orientation ou que je répondais aux questions des médias sur les changements pédagogiques. Je réalise que je ne suis pas seulement en bonne position pour parler en mon nom, mais aussi pour aider à orienter l’avenir professionnel des personnes qui ont choisi notre bien-aimée profession.
Il est donc tout à fait à-propos que ce blogue coïncide avec la sensibilisation à la santé mentale. L’enseignement est une très exigeante profession au niveau des tâches quotidiennes, mais surtout au niveau de la fatigue émotive associée au fait de prendre soin des autres. Comme le disait Parker Palmer, c’est aussi la seule profession qui se retrouve à un carrefour vulnérable entre le public et le personnel. Cette vulnérabilité peut être intensifiée quand des tensions politiques positionnent les enseignants et les écoles comme la « solution » à bien des problèmes de la société.
J’aimerais que vous compreniez qu’en tant qu’enseignantes et enseignants, vous ne pouvez régler les problèmes sous-jacents (p. ex., pauvreté, violence, négligence, racisme, dépression) que vos élèves ont vécus ou continuent de vivre dans leur vie hors de l’école. Par contre, vous pouvez faire une différence dans la période de temps que vous passez ensemble.
Comment?
- Prenez soin de votre propre santé mentale et assurez-vous de prendre bien soin de vous afin d’être à votre meilleur chaque jour quand vous êtes avec vos élèves. Ceci peut vous obliger à délimiter des frontières saines, à manger sainement, à dormir suffisamment et à faire de l’exercice.
- Jouez. Lisez pour le plaisir. Passez du temps avec des amis. Quand vous faites ces choses, vos interactions avec vos élèves sont plus joyeuses. Une enseignante ou un enseignant en bonne santé émotionnelle est en excellente position pour aider ses élèves à améliorer leur santé émotionnelle.
- Réorientez vos pensées au sujet de vos élèves. Au lieu de demander « qu’est-ce qu’il y a de travers avec cet élève? », demandez plutôt « À travers quoi cet élève est-il passé? » De quoi cet élève a-t-il besoin de ma part (ou de la part des autres) pour surmonter les expériences ou antécédents personnels qui le confrontent? »
- Honorez votre engagement à agir comme un professionnel en position de confiance pour créer une classe sécuritaire, inclusive et respectueuse pour tous les enfants. Utilisez votre jugement professionnel si nécessaire, faites preuve d’intégrité, faites ce qui est dans l'intérêt supérieur des élèves et parfois, prenez la parole quand ils ne sont pas capables de le faire.
Une des choses très agréables que j’ai eu le plaisir de vivre après tant d’années dans l’enseignement, c’est de pouvoir jaser avec d’anciens élèves quand je les revois comme adultes. Ils se souviennent des bons moments que nous avons passés ensemble et des petites choses folichonnes que je faisais quand nous nous amusions tous à apprendre. L’enseignement est devenu une sérieuse entreprise. Mais peu importe ce que vous faites, n’oubliez pas d’y ajouter un bon brin de plaisir!
Merci.
Kathy
Kathy Hibbert, Professeure
Doyenne associée (Formation des enseignants)
Directrice, Interdisciplinary Centre for Research in Curriculum as a Social Practice
Faculté d’éducation, Université Western