Histoire de leadership CAHPERD/EPS Canada
Publié précédemment dans le volume 86, numéro 1
Histoire de leadership CAHPERD/EPS Canada : le cheminement du Camp de leadership étudiant et de l’« expérience » de leadership étudiant
Par Dr Stu Robbins, Dre Shannon Kell, M. Justin Oliver, M. Graham Hayes, et Dr Nick Forsberg
En 2004, la CAHPERD (Canadian Association for Health, Physical Education, Recreation and Dance) organisme que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’EPS Canada, s’est lancée dans un projet d’investissement dans l’éducation des étudiants de premier cycle, sous forme d’une collaboration axée sur le leadership dans les champs d’études connexes d’éducation, kinésiologie, récréation, gestion du sport, soins infirmiers, voies naturelles, et loisirs thérapeutiques. La CAHPERD reconnaissait que cet investissement servirait non seulement à appuyer les différentes professions, mais également à jeter les bases et nourrir un leadership durable au sein de notre propre association pour bien des années à venir. Relativement parlant, c’était un petit investissement qui a rapporté gros! La notion du premier Camp de leadership étudiant a vu le jour en automne 2000, lorsque deux étudiants canadiens de premier cycle ont accompagné Mme Farida Gabbani (présidente de la CAHPERD) dans l’Alabama pour participer au Camp de leadership étudiant de l’AAHPERD (American Alliance of Health, Physical Education, Recreation and Dance) reconnue aujourd’hui sous le nom de SHAPE America. Au voyage de retour, les étudiants ont demandé à Farida, « Pourquoi est-ce que nous n’avons pas ce genre d’expérience au Canada? » C’était cette conversation et l’initiative de Farida qui ont déclenché le travail par le conseil et par le personnel du bureau national, et notamment Mme Andrea Grantham, en vue de mettre sur pied le Camp de leadership étudiant de la CAHPERD. En 2004, les efforts de ce groupe ont donné lieu au tout premier Camp de leadership étudiant CAHPERD, qui s’est tenu à Onondaga Farms, un camp de la Fondation Tim Horton pour les enfants, près du village de St. George, dans l’Ontario. Plus de 75 étudiants et étudiantes, incluant 10 des États-Unis qui accompagnaient le Dr. Glenn Roswal (président sortant de l’AAHPERD), se sont réunis pour cinq jours inoubliables au mois d’octobre de cette année-là. Bon nombre de leaders reconnus dans ces matières au Canada sont venus exercer la fonction de Mentors au camp. Il y avait même une ‘légende vivante’ dans leur nombre : le Dr Jack Passmore, âgé alors de 95 ans, ancien président de l’Association et récipiendaire du Prix d’honneur R. Tait McKenzie, a joué un rôle d’inspiration auprès de ce groupe de jeunes leaders en herbe! C’était une expérience remarquable et tous les participants en ont tiré de beaux souvenirs. Quant à la CAHPERD, c’était autant d’arguments pour maintenir cet investissement pour les années futures!
Le Camp de leadership étudiant s’est donc poursuivi de 2004 jusqu’en 2013, où la malheureuse décision a dû se prendre de supprimer le programme pour des raisons financières. Pour ceux et celles d’entre nous qui nous impliquions fortement à ce projet avec beaucoup de passion et d’énergie, c’était un coup dur. Bon nombre des membres de la « vieille garde », nos « doyens », dont certains qui avaient présidé aux camps à titre de Mentors et Légendes vivantes, ont été très découragés. Mais en fin de compte, le feu a continué à couver sous le cendres, et il demeurait une volonté pour s’assurer que cette ‘expérience’ ne passe pas dans l’oubli. Curieuse coïncidence, c’était Graham Hayes, un des participants au tout premier Camp de leadership étudiant en 2004 et maintenant président élu de la Saskatchewan Physical Education Association (SPEA), conjointement avec la présidente de cette même association, Dauneen Dash-Rewcastle, qui a décidé que la SPEA ferait un investissement dans cette initiative de leadership. Ainsi, après une pause de deux ans, le Camp de leadership étudiant a subi une refonte et s’est relancé en 2016 sous le nom d’Expérience de leadership étudiant de la SPEA! À nouveau, cette rencontre de leadership a invité des étudiants et étudiantes de premier cycle reconnus comme chefs de file dans leurs établissements d’éducation respectifs à se rassembler pour apprendre et développer leurs aptitudes de leadership. En même temps, le camp a fait appel aux leaders actuels dans les différents domaines pour jouer le rôle de Mentors auprès des étudiants, ainsi que des Légendes vivantes, les vaillants et sages champions qui partagent leur savoir, leur expertise, et leurs expériences. C’était sans aucun doute une rencontre unique en son genre et fort enrichissante qui semait les graines du leadership futur, et encourageait les participants à prendre leur envol. En 2016, nous avons eu le très grand honneur d’accueillir à titre de Légende vivante M. Jack MacKenzie, âgé de 89 ans, lauréat du Prix d’honneur R. Tait McKenzie.
La 4ème édition annuelle de l’expérience de leadership étudiant s’est tenue en automne 2019. À l’instar des éditions précédentes, c’était un évènement enrichissant et dynamique. En fait, le camp de 2019 a été d’autant plus spécial qu’il a rassemblé non seulement des étudiants et des étudiantes de premier cycle des quatre coins du Canada, mais également des anciens présidents et présidents en exercice du Conseil des provinces et des territoires – et deux de ces derniers, Graham Hayes et Justin Oliver, avaient participé à titre d’étudiants au tout premier CLE en 2000. En plus, il y a eu des Mentors des éditions précédentes du Camp et des expériences de leadership étudiant, et bien sûr une Légende vivante, le Dr. Stu Robbins, 80 ans! Stu, qui avait d’ailleurs été Mentor lors du CLE inaugural en 2000, est ancien président de la CAHPERD et récipiendaire du Prix d’honneur R. Tait McKenzie.
Ce qui suit est les souvenirs de quatre des participants à l’ELE de 2019. Leurs histoires sont non seulement un résumé de l’expérience de ce camp-là, mais également une rétrospective sur
ce qu’ils ont vécu lors du CLE inaugural de 2004, et un témoignage sur les activités de mentorat et de leadership qu’ils ont chapeautées depuis cette édition inaugurale du camp. Leurs récits individuels pris ensemble constituent une histoire plus large, celle de l’évolution de cette notion de leadership dans le contexte des CLE et des ELE.
Préparer l’avenir – le Dr Stu Robbins
J’ai été un des mentors au premier camp de leadership étudiant tenu à Onondaga Farms dans l’Ontario, et j’ai assisté à bon nombre des camps ultérieurs. Je crois depuis toujours que le CLE est parmi les plus beaux fleurons de la CAHPERD / d’EPS Canada. C’était une occasion unique de prendre part à des activités de leadership avec certains des meilleurs et plus intelligents étudiants des quatre coins du pays. La plupart des programmes universitaires enseignent relativement bien les compétences fondamentales de leadership, cependant il y en a très peu qui permettent aux étudiants de mettre en application ces compétences, et surtout pas dans le contexte d’un camp spécial. Cela a été une expérience remarquablement enrichissante pour toutes les personnes qui y ont pris part, que ce soit à titre d’étudiant, mentor, participant ou légende vivante. Quelqu’un a eu l’idée géniale d’inviter un des doyens de l’association pour exercer la fonction d’interlocuteur auprès des étudiants. Jack Passmore a accepté ce rôle pour le premier camp; il avait alors plus de quatre-vingt-dix ans et il était une grande source d’inspiration pour le groupe. Les jeunes se sont rendu compte que nous considérons notre métier comme un engagement à vie, et que les « vieux » demeurent tout aussi enthousiastes et dynamiques que les jeunes en première année d’université. De mon point de vue, on juge l’arbre par ses fruits. Une preuve déterminante : à ma connaissance, trois des participants au premier camp s’impliquent encore aux activités de leadership et contribuent toujours aux connaissances dans le domaine au Canada. Deux de ces personnes ont participé à notre camp le plus récent – c’est impressionnant, non?
Force est de conclure que les compressions budgétaires ont fait leur apparition et ont brouillé les cartes, et cela a mis fin au Camp national de leadership étudiant. Heureusement, le Dr Nick Forsberg était conscient de la valeur et du potentiel du camp, et il a repris le flambeau à un niveau plus local. La plus récente expérience de leadership étudiant était d’ailleurs une tentative de ramener l’exercice à une échelle nationale.
Évidemment, je conviens que les finances ne sont pas inépuisables, cependant je crois que nous pourrions adopter une démarche différente en ce qui concerne le financement. À mon avis, lorsqu’on sollicite le financement des projets, ça récolte de l’argent mais en même temps ça peut imposer des limites sur ces mêmes projets. Une organisation pourrait en arriver à tirer une marge bénéficiaire modeste des projets et utiliser ces fonds pour poursuivre ses activités et pour monter d’autres activités passionnantes et valables, mais ces projets sont destinés à demeurer satellites pour ainsi dire : ce ne sont pas l’élément vital de l’organisation. Et si les demandeurs de financement établissaient des liens avec d’autres organisations ayant des objectifs similaires, ciblant des bénéficiaires similaires, notamment les enfants? Je pense souvent (bon, maintenant c’est plutôt de temps en temps) aux occasions manquées en ce qui concerne la relation avec Tim Horton. Pendant les premières années, Tim Horton a accueilli le Camp, s’est chargé des repas et des installations, À TITRE GRATUIT! C’était une situation
gagnant-gagnant, si seulement nous avions pu le réaliser à l’époque. Tim Horton s’engage à aider les jeunes personnes défavorisées. Est-ce que nous aurions pu mettre les anciens étudiants du CLE en contact avec Tim Horton pour travailler aux camps d’été, ou même pour collaborer avec leur restaurant local de Tim Horton afin d’organiser et faire la promotion d’une journée de levée de fonds pour le compte du CLE? Peut-être si on avait fait preuve d’une peu de créativité, cette relation existerait encore aujourd’hui. Mais c’est du passé maintenant! Il doit y avoir d’autres possibilités d’établir des liens avec des sources de financement, des organisations qui veulent faire du bien, faire quelque chose de positif. Notre grand avantage c’est que tous les enfants aiment jouer.
Je participe et observe depuis une quinzaine d’années les activités du CLE/ELE, et vous n’avez pas besoin de me convaincre que nous ne devrions pas perdre l’occasion de continuer à développer les qualités de leadership de nos étudiants et étudiantes universitaires. L’avenir est entre de bonnes mains, j’en suis certain.
De CLE en ELE – M. Justin Oliver
Lorsque les personnes partageant le même point de vue unissent leurs efforts, la magie peut se produire. Et c’est précisément ce qui s’est passé en 2004 lorsque la CAHPERD a pris la décision d’investir dans un camp de leadership étudiant (CLE). J’ai eu la bonne fortune d’être retenu pour assister à ce tout premier CLE lorsque j’étais dans ma troisième année d’un diplôme de kinésiologie dans l’Université Acadia. Sans aucune hésitation, j’affirme que l’expérience que j’y ai vécue m’a orienté sur le parcours que je suis aujourd’hui. Cette possibilité de se retrouver et apprendre auprès de leaders dynamiques et passionnés dans mon propre champ d’études m’a amené à croire que, avec de l’imagination et de l’ambition on peut toujours viser plus haut et aller plus loin. Cette interaction avec des mes confrères et consœurs des quatre coins du pays m’a montré que nous sommes une fraternité qui partage le même objectif de laisser une marque positive.
Au sortir d’une expérience comme celle-ci, on veut évidemment chanter les louanges du programme, mais on se rend compte vite fait qu’il n’y a pas de mots pour rende justice à cette expérience. On veut que les autres personnes vivent l’expérience elles-mêmes. Or, certaines personnes le trouvent difficile de justifier la participation des étudiants à cette expérience de leadership étudiant (ELE). Pour y participer, ils doivent abandonner leurs cours pour quelques jours, et donc il y a le souci du travail qu’ils vont manquer dans l’intervalle. Soit. En revanche, ces mêmes personnes qui se font des soucis doivent peser contre tout cela les bénéfices que leurs étudiants tireraient de cette expérience. Et ce n’est pas seulement les étudiants qui en bénéficient. C’est leurs universités aussi, et les associations provinciales, les organismes nationaux, bref le métier dans son ensemble. Quand on fait un investissement dans une personne ou dans un concept, il est rare que les bénéfices se manifestent tout de suite. On les voit plutôt à long terme.
J’ai eu le bonheur de participer de nouveau au camp en 2013, cette fois-là à titre de mentor. Dans le rôle de mentor, vous obtenez une perspective tout à fait autre de celle d’un étudiant, mais c’est une expérience tout aussi significative. On se forge de nouvelles amitiés et de nouveaux liens professionnels, de nouveaux partenariats. Et tout cela se rapporte à notre métier, à notre passion, et à nos étudiants. On a hâte de renouveler ces conversations, lors d’un congrès national futur par exemple. Et puis les anciens participants aux camps s’accordent pour donner une conférence ensemble aux congrès nationaux, ou poursuivre des recherches ensemble, ou écrire un article ensemble. Tout cela est le produit de ce premier contact au camp.
J’ai participé à l’expérience de leadership étudiant de 2019. C’était dans un autre endroit, et l’organisation des ELE avait été prise en charge par un autre groupe, mais les résultats sont toujours les mêmes. Croyez-le ou non, un des étudiants qui avait assisté avec moi au premier camp en 2004 était un des participants à l’édition de 2019, quinze années plus tard. Et deux des mentors du camp original y ont été aussi. Je ne crois pas aux coïncidences et voici pourquoi : ce n’est pas par hasard que quatre personnes qui avaient participé au premier CLE se sont retrouvées ensemble dans une autre province, à une autre ELE. Je suis président de la Teacher’s Association for Physical and Health Education (TAPHE) et au moment où j’écris ce texte, je recense rien moins de cinq membres de notre conseil d’administration qui ont participé au CLE à titre d’étudiant(e) ou de mentor ou dans les deux rôles. J’ai participé et j’ai donné des conférences à bon nombre de congrès provinciaux et nationaux et j’ai siégé au conseil consultatif d’EPS Canada. Des coïncidences? Aucunement. Ce sont les résultats d’un investissement dans les futurs leaders de notre métier. Je remercie tous ceux et celles qui ont investi et qui continuent à investir dans l’ELE. Et si vous avez eu la possibilité d’investir dans l’ELE mais vous avez hésité, voici un vieux dicton chinois.
« Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est aujourd’hui. »
Le leadership étudiant : la valeur de l’‘expérience’ – M. Graham Hayes
Lorsque je faisais mes études universitaires dans la Faculté d’éducation de l’Université de Regina au printemps 2004, un de mes professeurs (le Dr Nick Forsberg) m’e encouragé à m’inscrire au premier Camp de leadership étudiant (CLE) de la CAHPERD. Le camp était prévu dans l’Ontario plus tard cet automne-là, et c’était une occasion pour les étudiants et les mentors d’à travers le Canada de se retrouver : l’objectif était d’amener les étudiants à comprendre l’importance de leur propre potentiel en leadership, et les principes qui s’y rapportaient. C’était un vrai cadeau, cette possibilité d’apprendre et de réseauter avec certains des mentors les plus respectés dans les domaines de l’éducation physique, l’éducation à la santé, le sport et la promotion d’un style de vie sain. J’étais alors au milieu de ma carrière de hockey universitaire : j’étais vice-capitaine de mon équipe après avoir passé trois saisons en ligue junior où j’avais également fait partie du groupe dirigeant de mon équipe. Je soulève ce dossier de leadership au sein de ces organisations de hockey tout simplement pour souligner le fait que le leadership n’était pas un concept étranger pour moi à l’époque, que ce soit au niveau individuel ou dans un contexte de groupe. Cela dit, l’expérience du CLE de 2004 a été vraiment extraordinaire; je n’ai vécu rien de pareil. J’en suis sorti avec une meilleure compréhension de ce que cela signifie, être un leader, et les moyens par lesquels on peut se mettre au défi, et mettre les autres à défi non seulement pour atteindre des objectifs et des attentes ambitieux, mais les dépasser. C’était vraiment inspirant de côtoyer les «grands noms» dans la communauté de l’éducation physique et à la santé. Je me souviens, comme si c’était hier, que le Dr Stu Robbins a prononcé le discours liminaire R. Tait McKenzie, et Jack Passmore qui « portait le flambeau » dans le cadre des cérémonies de clôture.
D’une part, c’était très difficile de trouver les mots pour traduire l’expérience de participer au camp, mais d’autre part il était très facile de reconnaître le sens de passion et de volontarisme que cela m’a inculqué. Mon camarade de classe et coéquipier à l’Université de Regina, Lee Schaefer (qui a également participé au camp de 2004 et qui est maintenant professeur à l’Université McGill) et moi avons continué par fonder l’Association étudiante HOPE avec Shannon Kell (qui est actuellement professeure à l’Université Mount Royal et qui a exercé la fonction de mentor à bon nombre d’évènements de leadership étudiant). En plus, j’ai commencé à chercher d’une manière ciblée des opportunités de leadership qui enrichiraient ma carrière dans le domaine de l’éducation physique. Avec une quinzaine d’années d’expérience dans le métier maintenant, j’ai complété ma maîtrise en éducation, j’ai exercé la fonction de consultant en EP/santé au sein de ma division scolaire, j’ai siégé comme président de la Saskatchewan Physical Education Association (SPEA) et comme membre du Conseil des provinces et des territoires (C des P/T) et présentement j’exerce la fonction d’administrateur scolaire. Je crois fermement que mon expérience dans le cadre du premier camp de leadership étudiant en 2004 a servi de catalyseur de ma passion et de mon parcours de leadership dans l’éducation.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle je me réjouissais à la perspective de relancer le camp et offrir cette possibilité à d’autres personnes de vivre cette expérience de leadership dans un contexte similaire à ce que moi j’avais fait en 2004. En 2015, le Dr Nick Forsberg m’a contacté à nouveau en ce qui concerne les projets de. leadership étudiant. Le CLE ne se tenait plus au niveau national, et il cherchait un appui pour « entretenir la flamme ». La décision s’est prise alors d’organiser une « expérience » de leadership étudiant provinciale (ELE). On a choisi sciemment le terme ‘expérience’ pour le titre du projet puisque nous partagions le même point de vue idéologique sur le modèle d’apprentissage fondé sur l’expérience, et la valeur que cela proposait aux personnes qui y prenaient part. En 2016, la première ELE a été organisée par la Saskatchewan Physical Education Association (SPEA), et l’évènement a attiré des étudiants des quatre coins de la province. Depuis 2016, l’ELE continue à élargir sa portée au-delà des frontières de la Saskatchewan et partout dans l’Ouest du Canada, et puis l’édition de l’automne dernier (2019), a recensé un groupe de participants d’un peu partout au pays, de Colombie-Britannique jusqu’aux provinces de l’Atlantique. Au cours des quatre dernières années, j’ai vu de mes propres yeux le rôle remarquable que jouent ces expériences à titre de source d’inspiration pour nos futurs leaders. L’année dernière a été spéciale en ce sens que non seulement avons-nous accueilli des étudiants de partout au pays, mais nous avons également accueilli des présidents du conseil des provinces et des territoires de partout au pays pour vivre l’expérience en direct. Et en plus, cette édition du camp a réuni quatre personnes qui avaient assisté au CLE inaugural quinze ans auparavant (deux à titre d’étudiants et deux à titre de mentors). Je garderai pour toujours de beaux souvenirs de la conversation que nous quatre avons eue lors de renouer notre amitié et nous remémorer les beaux moments du tout premier
CLE. Ces quatre personnes ont un lien très précieux : eux autres, ainsi que bon nombre d’anciens participants aux camps, croient en la valeur de l’expérience.
Le leadership étudiant : un investissement dans notre avenir – la Dre Shannon Kell
Je n’y ai pas assisté durant mes années d’études postsecondaires, mais j’ai eu la bonne fortune de participer plusieurs fois aux CLE et aux ELE à titre de mentor. En plus, j’ai enseigné bon nombre d’étudiants universitaires qui ont participé aux ELE, et j’ai tout un réseau de collègues à travers le Canada qui ont un lien direct avec ce fleuron de la CAHPERD/d’EPS Canada.
Étant présentement professeure à l’Université Mount Royal à Calgary et représentante de l’Alberta au sein du conseil d’administration d’EPS Canada, j’ai commencé mon parcours comme étudiante dans une salle de classe, écoutant les enseignements de quelqu’un que je ne connaissais guère à l’époque, mais qui deviendrait par la suite un cher ami et collègue. Depuis ma première année à l’Université de Regina, j’ai appris et travaillé aux côtés du Dr Nick Forsberg, l’un des cofondateurs du CLE, qui continue à travailler d’arrache-pied pour assurer que les étudiants ont la possibilité de faire l’expérience des CLE/ELE.
Voyez-vous, ce n’est pas par coïncidence que, au cours de ma vie et ma carrière, je croise régulièrement des personnes qui ont participé aux CLE/ELE passés, ou qui continuent à s’y impliquer. C’est parce que nous partageons la même passion pour l’éducation à la santé, l’éducation physique, l’éducation en plein air, et plus généralement, l’enseignement, l’apprentissage et le leadership. En plus, le fait de participer à une expérience ensemble, dans
un environnement de plein air, provoque un effet d’entraînement qui se fait sentir bien plus longtemps et plus largement que l’expérience en soi. Les mots ne suffisent pas pour exprimer l’expérience, et on ne peut pas non plus la recréer, la revivre. Ceci parce que nous avons tous une expérience commune ou partagée aux CLE/ELE, mais en même temps c’est une expérience unique au niveau de chaque individu. À chaque fois que nous nous revoyons, nous nous rappelons les histoires, nous rions ensemble et nous nous plaisons à renouer les liens. Et plus important encore, nous avons cette conscience partagée de la valeur d’investir dans notre avenir.
À partir de différents endroits, nous œuvrons ensemble afin d’assurer que l’héritage de nos devanciers tels que Jack MacKenzie, Jack Passmore, R. Tait McKenzie, Stu Robbins, et bien des autres encore ne passe pas dans l’oubli. En même temps, nous essayons de laisser notre propre marque dans ce domaine de ‘leadership’, dans notre propre vie et celle des jeunes personnes avec qui nous travaillons. Il n’y a rien de plus beau que de proposer cette expérience de leadership aux étudiants au trimestre du printemps, puis voir leur épanouissement l’automne suivant lors de cette semaine de leadership vraiment spéciale. Les étudiants ne l’ont pas encore réalisé, mais ils se sont fiés à leurs mentors, ils ont investi en eux-mêmes, et ils viennent de vivre une expérience que, ultérieurement, ils vont reconnaître comme catalyseur de leur carrière et premier grand jalon de leur cheminement en tant que leaders.
Quelques dernières réflexions …
Il ne fait guère de doute que ce genre d’expérience de leadership marque profondément la vie des futurs leaders. Il y a un tas d’évaluations de programmes qui témoignent des effets positifs de ces rencontres uniques en leur genre. Mais au-delà des statistiques et des sondages, ce sont les souvenirs et les histoires de ceux et celles qui participent aux CLE et ELE. Comme l’exprime très bien un étudiant qui a pris part au premier Camp de leadership étudiant en 2004,
« C’était l’occasion d’une vie. J’ai rencontré tant de personnes et j’ai forgé de nouvelles amitiés. Je me suis épanoui professionnellement, aux niveaux mental, psychologique, physique et spirituel. Mes conversations avec toutes ces personnes de différents milieux m’a fait réaliser que nous sommes nombreux à revendiquer les mêmes objectifs et idéaux. La passion et l’énergie ont été exceptionnelles, et j’en suis sorti convaincu que nous pouvons jeter les bases d’un monde meilleur. Les organisateurs du camp y ont investi toute leur passion et ils ont créé une expérience qui a transformé la vie de tous ceux et celles qui y ont participé. »
Grantham, 2005
Chose certaine, il y a d’autres histoires comme celle-ci qui témoignent de la nature unique des CLE et des ELE, et la valeur des qualités de leadership qui y sont cultivées. La question qui se pose maintenant est alors : que pouvons-nous faire pour nous assurer que ces expériences de leadership continuent à être reconnues, soutenues et revendiquées, non seulement au service des différentes professions, mais également pour créer, nourrir et maintenir le leadership au sein de notre Association nationale à l’avenir? C’est le moins qu’on puisse faire pour maintenir la tradition et l’ « histoire » de leadership au sein d’EPS!
Références
Grantham, A. (2005). First-ever Canadian Camp de leadership étudiant: An Outstanding Success. Physical and Health Education Journal, 70(1), 36-37.
Co-auteurs
Le Dr Stu Robbins est un ancien professeur de l’Université de l’Alberta et professeur émérite de l’Université York, où il a également été doyen associé de l’École de la faculté d’éducation et ensuite directeur du département d’éducation physique et kinésiologie. Il a été intronisé au Temple de la renommée du sport de l’Université de l’Alberta, de l’Université York et du Canada-Ouest. Il est également ancien président de la CAHPERD.
La Dre Shannon Kell est professeure adjointe au département de la santé et de l’éducation physique à l’Université Mount Royal. Ayant exercé la fonction d’enseignante d’éducation physique et à la santé au niveau secondaire, maintenant elle enseigne des cours de formation des enseignants, de savoir-faire physique et habiletés motrices, et d’introduction aux recherches en pédagogie pour les étudiants de premier cycle. Ses recherches se concentrent sur les liens entre la santé/le bien-être mental(e) et le temps passé en solo, dans la grande nature.
M. Justin Oliver fait carrière d’enseignant depuis 12 ans. Pendant les trois-quarts de cette période, il a enseigné dans la Nouvelle-Écosse. Il a complété un diplôme en kinésiologie à l’Université Acadia en 2006 et il a obtenu son baccalauréat en éducation de l’Université St. Francis Xavier en 2008. En 2018 il a complété une maîtrise en éducation à l’Université St. FX, et un certificat d’éducation en plein air en 2019. Présentement, il enseigne une variété de cours, incluant l’éducation physique et les sciences sociales, à l’école régionale Islands à Freeport, Nouvelle-Écosse. Justin s’implique aux activités de la TAPHE depuis 2013 et présentement il exerce le rôle de président de cette organisation. Il a donné plusieurs conférences aux congrès provinciaux et nationaux, et il a participé à titre de délégué à deux congrès internationaux.
M. Graham Hayes travaille depuis 14 ans à titre d’éducateur dans le système scolaire catholique de Regina, où il se spécialise en éducation physique et à la santé. Il a eu la bonne chance d’exercer les fonctions d’enseignant et de consultant en développement de programmes d’éducation physique et à la santé, et présentement il est directeur adjoint dans une école élémentaire. Il a obtenu un baccalauréat en éducation et une maîtrise en programmes et instruction de l’Université de Regina. Il a également travaillé à titre d’instructeur contractuel à la Faculté d’éducation de l’Université de Regina. Graham est ancien président de la Saskatchewan Physical Education Association (SPEA).
Le Dr Nick Forsberg est professeur de santé, éducation en plein air et éducation physique dans la Faculté d’éducation de l’Université de Regina. Il enseigne des cours de premier et de deuxième cycle en pédagogie d’éducation physique et éducation physique. Ses domaines de recherche incluent l’éducation physique, la formation des enseignants, l’enseignement de la responsabilité personnelle et sociale, et l’éducation en solo en milieu sauvage. Il est ancien président de la CAHPERD.