Mettre fin au test de Léger en éducation physique

Le test de Léger, également connu sous le nom de course navette sur 20 m, est une évaluation de la condition physique couramment utilisée pour estimer la capacité aérobique (Léger et al., 1988). Le test est effectué à l’aide d’un enregistrement audio. Les participants courent d’un marqueur à l’autre, espacés de 20 mètres, à une cadence croissante dirigée par des bips sonores, jusqu’au point d’effort maximal et d’échec. Certains ont apporté des petites modifications à ce test et lui ont donné différents noms (par exemple, le PACER, qui inclut de la musique en arrière-plan; Meredith, 2008). Le test de Léger est utilisé dans les cours d’éducation physique depuis des décennies en raison de son faible coût, de sa facilité d’utilisation et de sa précision satisfaisante (Alfrey et Landi, 2022). Certains scientifiques spécialisés dans l’exercice physique continuent à reconnaître les avantages de l’utilisation du test de Léger dans les écoles pour évaluer la capacité aérobique des jeunes (Marques et al., 2021; Tomkinson et al., 2019).
En tant qu’enseignante à l’université, j’entends régulièrement des étudiants dire qu’ils ont passé le test de Léger dans le cadre de leur programme d’éducation physique au secondaire. En tant qu’ancienne spécialiste en éducation physique et à la santé et responsable d’apprentissage/de département de la maternelle à la 12e année, j’ai également observé des départements d’éducation physique du secondaire qui imposaient des évaluations de la condition physique, y compris le test de Léger, dans leurs programmes. En éducation physique, le test de Léger se déroule généralement dans un grand gymnase, où un groupe d’élèves court d’un cône à l’autre pendant que les autres regardent et attendent leur tour (Top End Sports, 2024).
Le test de Léger en éducation physique vise notamment à informer les élèves de leur condition physique, à promouvoir l’activité physique, à faciliter la mise en œuvre et à respecter les pratiques courantes en éducation physique (Alfrey et Gard, 2014). D’après mon expérience, les enseignants font passer le test au début et à la fin du semestre pour informer les élèves de leur capacité aérobique et les encourager à s’améliorer et à se fixer des objectifs. Le test de Léger est toujours une évaluation obligatoire dans de nombreuses écoles canadiennes, et il est parfois utilisé pour attribuer des notes en éducation physique (par exemple, Simmons, 2023).
Cependant, bien que le raisonnement ci-dessus visant à inclure le test de Léger dans l’éducation physique puisse sembler pertinent, nous devons, en tant qu’enseignants, porter un regard critique sur les activités proposées aux élèves en classe, en particulier lorsqu’elles sont obligatoires. Je profite donc de cette occasion pour porter un regard critique sur le test de Léger dans les écoles. Ci-dessous, j’ai exposé quelques points à prendre en considération, notamment l’objectif de l’éducation, la nature multidimensionnelle de la santé et de la littératie physique, et l’importance de favoriser la littératie physique et une éducation physique significative pour tous les élèves. Selon moi, le test de Léger obligatoire n’a pas sa place dans les programmes d’éducation physique.
L’objectif de l’éducation
Il existe différents points de vue sur l’objectif de l’éducation, qui consiste notamment à acquérir des connaissances et à encourager les élèves à mener une vie saine (Gereluk et al., 2016). Partout au Canada, les ministères de l’Éducation définissent les objectifs qu’ils souhaitent atteindre pour les élèves de leur province; en voici quelques exemples :
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Aider les élèves à « acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour jeter les bases d’une vie épanouissante et couronnée de succès, et pour apporter une contribution significative à leur communauté et au monde » (gouvernement de l’Alberta, 2024, paragraphe 1).
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« Permettre [...] aux [élèves] de développer leur potentiel individuel et d’acquérir les connaissances, les compétences et les capacités nécessaires pour contribuer à une société saine et à une économie prospère et durable » (gouvernement de la Colombie-Britannique, 2024, paragraphe 1).
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« En s’assurant que le système d’éducation de l’Ontario est moderne, durable et adapté aux nouveaux besoins des élèves, le ministère veillera à ce que les élèves soient bien préparés pour réussir à l’école, au travail et dans la vie. » (gouvernement de l’Ontario, 2023, paragraphe 2).
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Créer « des environnements d’apprentissage efficaces et modernes qui favorisent des communautés inclusives et saines pour tous les apprenants de la province » (gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, s.d.a, paragraphe 3).
Bien que chaque vision soit légèrement différente, la notion de santé peut être considérée comme un dénominateur commun (par exemple, comme une vie épanouissante en Alberta, une société saine en Colombie-Britannique, une vie réussie en Ontario et des communautés saines à Terre-Neuve-et-Labrador). Les disciplines de l’éducation physique et à la santé jouent un rôle important dans la concrétisation de ces visions pour les élèves canadiens. Dans les programmes provinciaux d’éducation physique et à la santé au Canada, les enseignants du secondaire en éducation physique ont notamment les objectifs suivants :
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« Permettre aux individus de développer les connaissances, les compétences et les attitudes nécessaires pour mener une vie active et saine » (Alberta Learning, 2000, p. 1).
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« Donner aux élèves les moyens d’acquérir une compréhension personnalisée de ce que signifie pour eux une vie saine en tant qu’individus et membres de la société » (gouvernement de la Colombie-Britannique, n.d., paragraphe 1).
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Permettre aux élèves de « réussir dans un monde en constante évolution, en les aidant à favoriser leur santé mentale et leur bien-être, à se doter d’une littératie en matière d’éducation physique et de santé, ainsi qu’à développer la compréhension, la capacité et la volonté nécessaires pour mener une vie active et saine et en faire la promotion, et ce, leur vie durant » (gouvernement de l’Ontario, 2015, p. 6).
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« Développer le bien-être personnel, la compétence personnelle en matière de mouvement et la littératie physique pour continuer à mener une vie active. L’accent est mis sur les compétences liées aux processus et les élèves développent des stratégies de mouvement pour réagir à diverses situations, résoudre des problèmes et prendre des décisions (gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, s.d.b, paragraphe 13).
Lorsque la santé est exclusivement considérée sous son aspect physique (c.-à-d. la dimension physique de la santé), le test de Léger peut être considéré comme un outil utile pour mesurer la capacité aérobique d’un client à un moment précis. Pour un physiologiste de l’exercice, un médecin ou un kinésiologue, dont les motivations sont liées aux soins de santé, à la performance et aux tendances prescriptives, le test de Léger pourrait être considéré comme utile pour recueillir des données quantifiables afin de dégager des tendances en matière de capacité aérobique et de déterminer la condition physique individuelle à un moment précis. De ce point de vue, le test de Léger peut fournir des informations de base sur la santé personnelle, en indiquant ce qu’une personne peut ou ne peut pas faire en fonction de ses résultats et du contexte. Cette perspective s’appuie principalement sur les éléments physiques de la santé et explique pourquoi les enseignants justifient l’utilisation du test de Léger dans l’éducation « physique ». Cependant, je soutiens que la santé est une intersection plus holistique de multiples dimensions qui ne peuvent être cloisonnées et qui ne doivent pas être ignorées dans les programmes d’éducation physique; j’explique mon raisonnement ci-dessous.
Santé et littératie physique multidimensionnelles
Trois définitions de la santé sont couramment utilisées dans la société : (1) la santé est « l’absence de toute maladie », (2) la santé est un état qui nous permet de faire face à « toutes les exigences de la vie quotidienne », et (3) la santé est un « état d’équilibre » avec soi-même et avec son environnement physique et social (Sartorius, 2006, p. 662). L’Organisation mondiale de la santé définit la santé comme « un état de bien-être physique, mental et social complet et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (2021, paragraphe 1). De ce point de vue, la santé est multidimensionnelle et implique la présence de mieux-être ou de bien-être (c.-à-d. lorsque mieux-être et bien-être sont des termes synonymes qui font référence à l’amélioration positive de la santé; Taylor, 2024), ce qui inclut la façon dont nous nous sentons (c.-à-d. sur le plan émotionnel), notre engagement envers les autres (c.-à-d. sur le plan social) et notre engagement dans l’activité physique (c.-à-d. sur le plan physique). La santé et le mieux-être sont des concepts qui vont bien au-delà de la dimension physique.
Cette compréhension est encore renforcée par la notion de littératie physique, qui est définie comme suit : « Selon le potentiel de chaque personne, la littératie physique peut être décrite comme la motivation, la confiance, la compétence physique, le savoir et la compréhension nécessaires pour maintenir l’activité physique tout au long de la vie » (Whitehead, 2010, p. 11-12). La littératie physique a été identifiée comme étant multidimensionnelle, ce qui est inhérent à la définition, incluant des éléments fondamentaux (Dudley, 2015) ou les dimensions sociales (c.-à-d. la connexion avec les autres et leur environnement), émotionnelles (c.-à-d. ce que l’on ressent), cognitives (c.-à-d. la résolution de problèmes, la prise de décisions et la création) et physiques (c.-à-d. les habiletés motrices fondamentales) de l’activité physique; pour une infographie utile, voir Payne (2021). Bien que les définitions de la littératie physique varient parfois légèrement dans leur formulation selon le contexte (Edwards et al., 2017), la déclaration de consensus sur la littératie physique au Canada (2015) met l’accent sur la valorisation et la prise de responsabilité quant à la participation à des activités physiques tout au long de la vie; ce point de vue est soutenu par la conceptualisation de Whitehead (2010).
Le terme « littératie physique » est explicitement décrit dans certains programmes d’études canadiens (voir Gouvernement de la Colombie-Britannique, s.d.; Gouvernement de l’Ontario, 2015), tandis que d’autres provinces exigent des mises à jour des programmes (par exemple, le programme d’études secondaires de l’Alberta de 2000). Ce qui est constant et évident dans tous les programmes d’éducation physique du secondaire, c’est l’essence même de la littératie physique, à savoir l’objectif de soutenir et d’encourager les élèves à mener une vie saine et active (voir les objectifs ci-dessus). Il s’agit de favoriser la littératie physique de chaque élève en éducation physique, en tenant compte des multiples dimensions de la littératie physique et de la santé. Les multiples dimensions de la santé et de la littératie physique (c’est-à-dire les dimensions sociales, émotionnelles, cognitives et physiques) doivent toutes être prises en compte. En d’autres termes, la façon dont chaque élève se sent par rapport à la pratique d’une activité physique est un élément essentiel de son parcours unique de littératie physique et un aspect essentiel de l’éducation physique.
Promouvoir la littératie physique pour tous les élèves
Rendre le test de Léger obligatoire en cours d’éducation physique pose problème, car il est détesté par de nombreux élèves (Safron et Landi, 2021), tout comme d’autres formes de tests de condition physique (Alfrey, 2024); d’après mon expérience d’enseignante, certains élèves s’absentent pour éviter de le passer. Exiger des élèves qu’ils passent le test de Léger en classe est problématique pour plusieurs raisons, qui sont énumérées ci-dessous.
Premièrement, si certains élèves redoutent d’aller en classe à cause d’un test de Léger obligatoire, l’éducation physique ne les incite pas à mener une vie active. Cela a une influence négative sur le parcours de littératie physique de ces élèves, auxquels il est difficile de faire comprendre l’importance de l’éducation physique.
Deuxièmement, lorsque le test de Léger est effectué en classe dans un gymnase, les élèves s’observent souvent les uns les autres pendant qu’ils attendent ou récupèrent après leur course. Cependant, de nombreux élèves ne sont pas à l’aise à l’idée que leur corps soit exposé devant leurs camarades de classe (Taylor et al., 2024). Certains élèves peuvent ressentir de la gêne et recevoir une attention non désirée qui peut être perçue comme une menace (Kerner et al., 2018). En outre, le fait d’être exposé peut être encore plus inconfortable ou embarrassant pour ceux qui terminent le test de Léger plus tôt que les autres (Zhu et al., 2018). Exiger des élèves qu’ils participent à une évaluation de la condition physique qui leur cause un préjudice émotionnel et/ou social va directement à l’encontre de la santé multidimensionnelle, influence négativement le parcours de littératie physique de l’élève et le détourne de l’éducation physique.
Troisièmement, le test de Léger peut involontairement et injustement valoriser ceux qui se distinguent par leur capacité aérobique et mettre de côté ceux qui ne le font pas. Les élèves qui obtiennent les meilleurs résultats au test de Léger (ceux qui courent le plus longtemps) sont généralement ceux qui pratiquent déjà une activité physique, sportive ou autre en dehors des cours. Ce n’est pas toujours le cas, mais ces élèves ont souvent les moyens financiers et le temps de participer à ces activités. Les élèves qui courent le plus longtemps en classe, sous le regard de leurs camarades, sont aussi ceux qui sont applaudis par le reste de la classe. En revanche, cela mine la confiance des élèves qui finissent plus tôt, qui ne sont pas applaudis et qui peuvent également être désavantagés par des déterminants sociaux de la santé, le travail et/ou des responsabilités familiales qui les occupent en dehors des heures de classe (p. ex. Burchell et al., 2024).
Quatrièmement, le test de Léger implique la communication des résultats des élèves à l’ensemble de la classe : à chaque nouveau niveau atteint, le résultat est annoncé en même temps que les bips sonores. Pourtant, il serait inapproprié qu’un professeur de mathématiques ou de sciences fasse passer un examen du genre à ses élèves et qu’il leur demande de se tenir debout devant leurs camarades de classe pour annoncer à tout le monde leurs notes à mesure qu’ils terminent l’examen. Cela porterait atteinte à la confidentialité des informations et serait probablement humiliant pour de nombreux élèves. Pour toutes ces raisons, il est difficile de comprendre comment le test de Léger a pu être ou est encore autorisé dans les écoles.
Enfin, bien que certains soutiennent que le test de Léger est utilisé pour indiquer les progrès réalisés au cours d’un semestre ou d’une année et que les notes associées au test visent à mesurer les améliorations, il est assez facile de manipuler le système. Les élèves peuvent chercher à améliorer leurs notes en obtenant intentionnellement une note plus faible au premier test puis une note plus élevée à l’évaluation suivante. Le test de Léger n’est donc pas un indicateur fiable.
Pour être véritablement inclusifs, les programmes d’éducation physique doivent soutenir tous les élèves, et pas seulement certains ou la majorité d’entre eux, ou ceux qui sont privilégiés et/ou font du sport en dehors du cadre scolaire. Pour développer la littératie physique de tous les élèves, il est important que l’éducation physique soit significative pour chacun d’entre eux.
Aller de l’avant de manière significative et surmonter les obstacles au changement
Il subsiste quelques obstacles au changement qui n’ont pas été abordés ci-dessus. Premièrement, certains élèves peuvent prendre plaisir à passer le test de Léger, à connaître leurs scores et à les améliorer. Deuxièmement, si les évaluations de la condition physique telles que le test de Léger ne sont pas obligatoires, comment les résultats d’apprentissage liés à la condition physique peuvent-ils être atteints? Troisièmement, malgré des arguments solides, certains enseignants et responsables de l’apprentissage tiennent absolument à ce que le test de Léger reste obligatoire et figure dans les programmes d’éducation. Dans ces cas, j’encourage la réflexion sur ce qui donne un sens à l’éducation physique pour les élèves. Ci-dessous, je décris brièvement l’éducation physique significative, qui propose une approche de l’éducation physique qui aligne efficacement les objectifs de l’éducation, les programmes d’éducation physique et le concept de littératie physique. Ensuite, je propose quelques suggestions spécifiques concernant les obstacles au changement qui s’alignent mieux sur l’éducation physique significative.
Le cadre de l’éducation physique significative est un modèle pédagogique centré sur l’élève qui peut être utilisé pour soutenir tous les élèves en éducation physique. Décrit par Fletcher et al, 2021.
« L’approche de l’éducation physique significative offre des conseils pour aider les praticiens à déterminer et à améliorer la qualité des expériences d’éducation physique pour les apprenants. Fondamentalement, [...] une plus grande attention portée à la signification de l’expérience peut favoriser un apprentissage plus riche et plus efficace pour les jeunes en éducation physique afin d’influencer la qualité de leur engagement continu envers le mouvement et la participation à l’activité physique (p. 4). »
En mettant l’accent sur l’engagement des élèves dans l’activité physique, l’éducation physique significative favorise la littératie physique chez les élèves et constitue la pierre angulaire d’un programme d’éducation physique de qualité. Cette approche implique un contexte dans lequel les élèves peuvent trouver du plaisir, se sentir stimulés et être intrinsèquement encouragés à rester actifs (Fletcher et al., 2021). L’approche de l’éducation physique significative prend en compte les expériences individuelles des élèves et vise à favoriser les sentiments de joie et d’excitation plutôt que la crainte, la peur ou l’ennui en éducation physique (p. 5). En outre, l’éducation physique significative est démocratique et permet aux élèves d’avoir le choix et d’être autonomes dans leur programme (Fletcher et al., 2021), ce qui inclut donc les élèves et leur parcours unique en matière de littératie physique.
Pour rendre l’éducation physique plus significative, il est important de supprimer le test de Léger obligatoire du programme d’éducation physique (et de le dissocier des notes) et donner le choix aux élèves. Pour les élèves curieux et réellement intéressés par le test de Léger, envisagez de le faire pendant la pause de midi (c.-à-d. en dehors des heures de cours); les élèves qui ne sont pas intéressés peuvent ne pas y participer. En classe, comme l’indique l’enseignante Chelsi Ryan (2020), « il existe des programmes mieux adaptés à nos élèves en éducation physique, qui n’engendrent pas de vulnérabilité, qui ne nuisent pas à l’image de soi et qui ne perpétuent pas l’expérience de l’altérisation chez les élèves » (paragraphe 13), comme le soutiennent Cale et Harris (2009).
Pour obtenir des résultats d’apprentissage liés à la condition physique, il faut tenir compte du fait qu’une pratique régulière et continue d’activités physiques modérées et vigoureuses dans le cadre de l’éducation physique peut améliorer la capacité aérobique (Marques et al., 2015). En outre, il convient de reconsidérer l’importance des mesures et de tenir compte des réflexions des élèves sur le plaisir, la motivation et la participation aux activités physiques. Si l’objectif du test de Léger est d’améliorer les performances des élèves en course à pied, il convient de s’intéresser davantage à l’importance de l’expression, du choix et de la flexibilité dans la programmation (Naess et al., 2013) et de réfléchir à la manière dont la course à pied, ainsi que de nombreuses autres compétences motrices fondamentales, peuvent être développées simultanément dans le cadre de différents jeux et activités que les élèves peuvent choisir et apprécier.
Pour les programmes d’éducation physique à l’école dans lesquels l’abandon du test de Léger serait considéré comme un changement radical (c.-à-d. sur décision des responsables de l’apprentissage ou des chefs de département et hors du contrôle de l’enseignant), il est suggéré de remplacer le test de Léger par des podomètres, qui peuvent être utilisés comme solution de remplacement pendant que les élèves participent à des activités qu’ils apprécient en classe. Les podomètres peuvent être utilisés pour mesurer approximativement la distance parcourue ou les changements de mouvement (Bassett et al., 2017), ce qui peut aider à évaluer la condition physique. Les élèves du secondaire peuvent également apprendre à calculer leur fréquence cardiaque maximale, à prendre leur pouls et à compter les battements par minute pendant l’activité (c.-à-d. en faisant une courte pause de 15 secondes pendant l’activité pour évaluer le pouls), ce qui peut aider à comprendre le temps consacré à une activité physique modérée à vigoureuse (Mayo Clinic, 2023). Ces solutions présentent l’avantage de permettre aux élèves de garder leurs résultats confidentiels et de les consigner dans un journal personnel. Ces efforts se distinguent des évaluations traditionnelles de la condition physique, qui sont publiques et potentiellement humiliantes, privilégiant une exploration et une compréhension plus personnelles. Toutefois, si vous recueillez ces données, expliquez clairement les raisons pour lesquelles elles sont recueillies, leur utilité ou leur pertinence pour les élèves, et comment elles peuvent inciter les élèves à s’intéresser à l’éducation physique et les aider à acquérir une littératie physique et à adopter un mode de vie sain.
Pour les professeurs d’éducation physique dont les collègues et les responsables tiennent absolument à maintenir le test de Léger dans l’éducation, envisagez de mettre en place une enquête à la sortie afin de recueillir des données anonymes sur l’expérience des élèves dans le cadre des programmes d’éducation physique, en incluant des questions précises sur le test de Léger. Lorsque j’étais responsable de l’apprentissage de la maternelle à la 12e année, mon équipe utilisait Google Forms pour recueillir les points de vue des élèves sur toutes nos unités d’enseignement à la fin de chaque semestre; tous les élèves en éducation physique avaient 20 minutes pour répondre à l’enquête au cours de la dernière semaine de cours. Les données que nous avons reçues des élèves ont conduit à des changements significatifs dans nos programmes, dans diverses unités, afin de répondre à leurs besoins et à leurs préoccupations. Outre les publications qui indiquent la nature problématique du test de Léger, les données spécifiques à chaque école sont un outil très puissant pour plaider en faveur des changements nécessaires et peuvent être un excellent moyen de faire entendre la voix des élèves, en fonction du contexte.
Conclusion
En tant qu’enseignants, notre rôle professionnel consiste notamment à réfléchir aux objectifs de l’éducation et à la manière dont ils s’articulent avec les programmes d’études, ainsi qu’à concevoir des activités et à évaluer les élèves de manière cohérente. Comme le montre ce manuscrit, le test de Léger ne correspond pas aux objectifs ou à la finalité de l’éducation, ni aux programmes d’éducation physique au Canada, ni à la nature multidimensionnelle de la santé et de la littératie physique qui guide ces programmes. Au contraire, le test de Léger peut entraîner des expériences négatives pour les élèves, ce qui peut les décourager de l’éducation physique et avoir une influence négative sur leur parcours de littératie physique. Il est important que « chacun de nous, en tant qu’enseignant [...], réfléchisse et justifie en permanence les enseignements dispensés, la manière dont ils sont dispensés et la façon dont ils informent et influencent l’enfant dans son ensemble » (Gereluk et al., 2016, p. 105).
Remerciements
Je tiens à remercier mes « amis critiques » universitaires qui ont pris le temps de relire ce manuscrit et de faire part de leurs commentaires avant sa publication. Je tiens également à exprimer ma gratitude aux pairs évaluateurs d’EPS Canada qui ont contribué à améliorer ce manuscrit.
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